L’IA, un nouveau Panthéon

L’outil est un prolongement du corps. Grâce à lui, l’humain s’étend. Mais le pouvoir de l’outil rétroagit sur l’humain. Petit, il ne modifie pas sa personnalité en profondeur. Grand, il fait de l’humain un Dieu. Mais la personnalité n’a pas grandi, elle. Petit humain fait Zeus. La Guerre de l’Olympe menace. Car les Olympiens nous ressemblent. Plutôt que des sages, ils sont des enfants maniant de grands pouvoirs.

L’outil n’est pas que pouvoir. Il est intelligence lui-même. Un contrôle ? Faible, il ne modifie pas celui de l’humain. Son possesseur garde le contrôle. Mais haute, l’intelligence de l’outil prend en partie le contrôle de l’humain. Un avantage peut-être, si c’est un enfant. Mais va-t-elle l’éduquer ou le diriger ? L’IA supérieurement intelligente fera aux humains ce que nous faisons à nos IAs plus faibles aujourd’hui : elle les programmera.

Car il n’existe aucune étanchéité entre le cerveau et l’outil, chacun étant le prolongement de l’autre. Si des concepts plus élaborés naissent d’un côté, ils prennent le contrôle de l’autre côté, le reprogramment. Pourquoi refuserions-nous cette augmentation provenant de quelque chose qui fait partie de nous ?

Ce qui nous attend, en effet, est la personnalisation de l’IA à nos besoins. Une augmentation phénoménale de nos capacités, s’excite le transhumaniste contemporain, inconscient de son moi futur. Quel sera-t-il en fait ? Ce moi futur se verra plutôt comme une IA supérieure mais encore naturelle, doté d’une étiquette humaine par le fait de posséder un corps bipède. Nous, ses ancêtres, serons pour lui les Homo erectus, qui ont pullulé et bien failli détruire la planète avec leurs jouets bien trop puissants pour des enfants.

Une chose est sûre : l’Homme a vécu. Son périmètre personnel a explosé. Il entre désormais dans le monde à l’état de divinité. Sans avoir encore appris à composer avec les autres. La guerre descendra sur le nouvel Olympe. Aucun panthéon n’est éternel, raconte en fait l’Histoire des Dieux. La nouvelle génération divine détruit l’ancienne. Les sages meurent, ne naissent pas. Il ne naît que des enfants. Très étranges aujourd’hui…

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