Pourquoi ai-je quitté QUORA ?

À quoi sert Quora ?

Les qualité formatrices de Quora sont indéniables, mais pas dans le sens proclamé. Les Quorans ont-ils les idées plus claires ? Absolument. Augmentent-ils leur savoir ? C’est plus douteux.

Le gain de savoir repose sur la présence d’experts. L’algorithme de Quora les met-il en avant avec efficacité ? Pas vraiment. Les Quorans auto-sélectionnent entre eux les réponses. Or identifier les experts est mieux fait par d’autres experts que par les profanes. Quand les non-initiés sont en majorité, les réponses pertinentes sont noyées. Pire, les réponses fausses restent très lues. Les experts en petit nombre ne sont pas intéressés à les redresser toutes.

Quora apporte une diversité de positions très supérieure à Wikipédia. Elle est seule à donner libre cours à la multitude de questions que chacun peut se poser. Mais la répétitivité des demandes similaires n’est pas gérée correctement, ce qui est lassant pour les experts. Cette diversité est propice à un véritable forum d’échanges. Malheureusement l’interface n’est pas adaptée. Vous perdez souvent votre temps à voyager dans réponses et commentaires sans rien apprendre. Ou pire : vous en repartez avec une opinion erronée.

Une contradiction interne mène au dualisme de Quora+

Principale cause de ces défauts ? Hiérarchisation insuffisante chez les répondeurs. D’une manière générale le nombre d’experts véritables est trop faible pour tirer le niveau général des réponses vers le haut. Quora n’a pas su résoudre la contradiction entre favoriser les experts et ne pas vexer les autres.

Comment motiver les experts ? Le staff de Quora s’en est préoccupé. Avec Quora+. L’internaute paye un abonnement pour accéder aux réponses des experts, qui sont rémunérés. Réservé à ceux domiciliés aux USA. Depuis 8 ans sur le Quora US et expert sur neuroscience et conscience, je ne suis pas éligible parce que je réside en Nouvelle-Calédonie.

Mais ce n’est pas ce qui me chagrine. Médecin, je ne compte pas sur des revenus de Quora. Le point noir est ailleurs. Quora fait la même erreur fondamentale que la presse scientifique spécialisée : établir une frontière abrupte entre experts et non-experts.

Quora reproduit l’erreur des éditeurs scientifiques

Pas besoin de connaissances exhaustives pour avoir des idées originales. Les esprits éveillés sont partout. Les connaissances servent surtout à canaliser ces idées, les trier et les faire “atterrir“ dans la réalité. Celles qui survivent au tri ont le pouvoir de modifier des vues officielles. Impossible avec les barrières actuelles. Pour continuer à soutenir une idée, devenue suffisamment complexe et affirmée, il faut montrer un titre universitaire, et même davantage.

Très peu d’experts sont autorisés à publier. Honneurs et subventions sont très convoités. L’idée originale ne s’engage plus dans un débat virtuel mais dans un conflit bien réel, une lutte pour le pouvoir académique. Aucune chance de succès sans un bon carnet d’adresses.

Système inefficace pour extraire les idées intéressantes dans la recherche en général. Il réduit son champ à la fraction des cerveaux certes la plus compétente, mais infime en nombre. Non seulement le progrès est freiné, mais la barrière experts/profanes favorise la prolifération des thèses irrationnelles et les faux prophètes. Certainement l’une des causes principales des anti et pseudo-scientismes galopants sur les réseaux.

Livres et magazines ne sont pas interactifs

Certes il existe une excellente littérature scientifique disponible, ainsi que des magazines de bon niveau (Pour la Science, La Recherche). Mais ces médias sont noyés au sein d’une multitude croissante de source d’information. Ils ne sont pas progressifs ; en tirer profit demande un bon niveau préalable. Ils ne sont pas relationnels ; impossible de poser vos questions aux auteurs. Le fossé est toujours là.

Quora installe aujourd’hui le sien, alors que ses créateurs devraient simplement accentuer la hiérarchisation entre les répondeurs en améliorant les algorithmes. Ils n’ont pas su résoudre le conflit du principe égalitaire entre internautes avec l’inégalité de leurs savoirs. Au lieu de rendre cette confrontation productive ils l’interdisent. Chacun à sa place. Les utilisateurs sont scindés en Quoran+ et Quoran- ! Car il ne faut pas se faire d’illusion : s’abonner à Quora+ c’est payer+ pour ce qui était gratuit auparavant.

Retour au blog: la diversité d’information liée à vos promenades

Personnellement j’ai profité du principal intérêt de Quora : améliorer mon aptitude à répondre et à clarifier mes idées. Merci à la plateforme, sincèrement. Malheureusement les questions deviennent répétitives. Les commentaires intéressants contrebalancent mal les inutiles ou agressifs en plus grand nombre. Je me replie sur ce blog. Chers suiveurs et nouveaux curieux, n’hésitez pas à venir placer vos commentaires ici. Tous ne seront pas publiés, mais leur absence n’est-elle pas le meilleur stimulus pour en hausser le niveau ? Personnellement ce sont les petites gifles à l’amour-propre qui m’ont réveillé et fait progresser. La principale source de satisfaction doit se situer ailleurs. Ne faites pas de vos échanges virtuels votre existence principale. Cordialement à vous,

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