J’ai montré dans mes livres l’absence de frontière entre non-vivant et vivant pour le regard ascendant, celui des processus. La notion de ‘vie’ n’a de sens que pour le regard qui en descend. Mais alors ce belvédère existe bel et bien ! Et il a besoin d’un moyen de se définir. Écueil : comment peut-il se définir seul alors qu’il définit la vie par son regard sur ce qui l’entoure ? Est-il possible de dire que la vie est une identité acquise ? Non, parce que le regard descendant donne aussi une identité au non-vivant.
En fait le belvédère conscient a besoin d’inclure le regard ascendant pour se définir. Ainsi peut-il repérer des ruptures d’organisation susceptibles d’être la transition du non-vivant au vivant. L’ascendance organise et la descendance définit les ruptures. L’ascendance se contente d’évoquer le vivant comme du “très organisé”, ce qui n’est guère identifiant. Tandis que la descendance cherche avidement sa fondation, son ancêtre ! Est-ce la faculté de se déplacer, de se multiplier ? La mémoire du génome ? Voici ma meilleure réponse en 2024 :
« La vie est tout ce qui se reproduit presqu’à l’identique —grâce à une mémoire propre qui flanche légèrement. »
Cette définition élimine les matières qui se multiplient sous l’influence de l’environnement et non d’une mémoire intrinsèque. Elle élimine les simples molécules auto-réplicantes, qui se reproduisent à l’identique et ne créent pas de diversité par elles-mêmes.
L’avantage majeur de cette définition est peut-être d’inclure la dimension temporelle de la vie. À chaque instant le Moi se reproduit presqu’à l’identique en le Moi suivant…
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