Les violeurs de Mazan, Ecce Homo an animal?

Abstract: Loin des banalités déversées sur l’affaire de Mazan, je disserte sur cet évènement répugnant en expliquant que ce n’est pas un vestige du passé patriarcal mais au contraire l’effet de sa déchéance par l’évolution sociale actuelle, un phénomène bien plus inquiétant.

Désolation

Quel est le plus désolant dans l’affaire de Mazan ? Certainement la prévisibilité des discours entendus et lus partout, comme si l’on était à un enterrement du genre humain, et plus spécifiquement sa moitié masculine. Une affaire aussi répugnante aurait du chavirer les esprits. Chacun aurait du se faire la remarque, féministes incluses, « Il y a quelque chose qu’on n’a pas compris », plutôt que reprendre la sempiternelle antienne vengeresse sur le patriarcat, dont les principes de base n’incluent certainement pas l’agression des femmes mais au contraire leur protection ! Les violeurs de Mazan sont bien des patriarcat-cides.

La banalité de ces individus est une évidence. Mais si l’ignominie du viol concerne des gens ordinaires dans une démocratie nourrie au féminisme depuis une trentaine d’années, ne faudrait-il pas se demander si les méthodes employées pour le contrer sont les bonnes ? De même qu’il est surprenant après quarante années de militantisme écolo que nous ne soyons pas tous carbone-attentifs. Avons-nous affaire à des hyper-egos réfractaires ou au contraire des egos tellement affaiblis qu’ils sont incapables de lutter contre des pulsions obscènes ?

Nature du mal et patriarcat

Si le mal est banal c’est que nous appelons “mal” une nature. L’alternative serait que les hommes soient massivement éduqués au mal par la culture locale. Ah ? Le patriarcat a beaucoup reculé dans nos contrées et l’éducation au mal progresse ? Aidez-moi à comprendre. Est-ce que la chute du patriarcat est un progrès social ou au contraire la remise en liberté de nos plus bas instincts, auparavant emprisonnés ?

La vraie fondation du patriarcat est le principe du paternalisme, c’est-à-dire le souci de protéger. Le pouvoir patriarcal provient de l’aura morale et non de l’indignité du chef de famille. Or le wokisme féministe a eu tendance à désigner comme patriarcaux tous les aspects de la domination masculine, qu’ils respectent ou non ces critères de dignité morale. Le patriarche respecté d’une grande famille se retrouve ainsi dans le même lot que le politicard arriviste ou le mégalo du monde du spectacle, persuadés que le corps féminin s’échange contre des faveurs.

Le néant spirituel

Si je comptabilise les violeurs, je n’en trouve pas qui appartiennent vraiment au patriarcat. Ils incluent des loosers, des soldats déboussolés dans des zones de guerre, des cas psychiatriques, des roitelets du monde artistique. Certes cela fait beaucoup de monde, expliquant la banalité du mal. Mais ce sont des contextes anormaux et dysfonctionnels étrangers au patriarcat. Le patriarche a des devoirs autant que des droits. Or les violeurs n’ont ni les uns ni les autres. Ils ne s’estiment pas réellement “en droit” de violer. C’est plutôt qu’ils n’ont aucun devoir pour s’y opposer. L’esprit du violeur est un néant éthique. Aucune règle, ni bonne ni mauvaise. C’est en arrivant dans ce néant que les pulsions s’ébattent librement et prennent les commandes. L’ani-mâle se jette sur toutes les femelles à portée et apportées.

Devant ce néant, cette absence d’explication constatée chez les violeurs, les commentaires tombent eux aussi dans le vide, dans la banalité de l’interprétation. Il n’y a rien à fusiller. Pas de monstre. Seulement un gène Y, retrouvé chez tous les violeurs. Alors on se saisit du gène, à défaut d’autre chose, pour le brûler sur la place publique. C’est même un autodafé. Amenez tous les gènes Y que vous pourrez trouver ! Ils ont assez gangrené la société. Ils emplissent nos prisons. Entamons une grande marche transgenre vers le côté féminin lumineux de l’être humain.

Une marche vers le féminin n’est pas le féminisme

Ce n’est pas la moquerie à laquelle vous pourriez penser. Je pense sincèrement que la population mâle a besoin de marcher vers le féminin. Pas le féminisme. Le féminisme est discriminant. Il scinde davantage l’humanité en deux camps irréconciliables que ne l’a jamais fait aucun autre militantisme. Population de machos femelles contre les machos mâles. Qui gagne ? L’ego. L’hyper-individualisme et rien d’autre. Cî-git le collectivisme sur le champ de bataille. Or c’est lui, justement, le visage du féminin vers lequel je propose aux hommes de marcher. Et les femmes aussi, à présent, maintenant qu’elles se sont enterrées encore davantage que les hommes dans le bastion de l’hyper-individualisme.

La banalité des commentaires sur Mazan est à la hauteur de la banalité des personnalités des violeurs. Pas une idée neuve ! Il faudrait renforcer le militantisme féministe alors qu’il a déjà produit une flopée de coqs femelles qui pourrit notre espace social autant que les machos. Il faudrait renforcer une justice laxiste sur la protection des femmes alors qu’existe déjà tout l’arsenal juridique nécessaire. Personne ne sait réagir contre l’ostracisme anti-homme alors que les ostracismes anti-arabe ou anti-noir sont dénoncés avec enthousiasme. Cela démontre l’absence de commentateurs pouvant vraiment expliquer ce qui s’est produit à Mazan.

Un fil conducteur

Comment construire une analyse solide sur cette affaire ? Nous avons besoin d’un fil conducteur bien défini, de comprendre ces gens ordinaires mieux qu’ils se comprennent eux-mêmes. La faiblesse des analyses reflète bien le néant théorique à propos de la personnalité. Nous avons renvoyé aux oubliettes les théories émises au siècle dernier par Freud, Jung, Adler, Horner, Bingswanger et tant d’autres. À présent la neuroscience fait du cerveau un générateur de configurations IRM peint de quelques traits simplistes de tempérament. Psychologie et psychiatrie comportementale ont ainsi beaucoup régressé au plan théorique. L’esprit est devenu une annexe du corps, dont les dysfonctionnements sont neurobiologiques. Ces désordres ont des “aspects” psychologiques pénibles mais qui sont illusoires. Trouver la bonne combinaison neurohormonale et diriger des stimuli électromagnétiques au bon endroit remet le cerveau sur le bon chemin. Voilà où en est la théorie de la personnalité aujourd’hui.

La réification de la femme abondamment citée à propos de Mazan commence dans la réification de l’esprit. La neuroscience nous éduque à penser que nos comportements sont une émanation de la neurochimie, et s’ils deviennent bizarres nous n’en sommes pas vraiment responsables puisqu’il s’agit de neurones établissant de mauvaises connexions. C’est pas moi. Le moi disparaît, pauvre illusion anachronique. Seules demeurent des envies.

Le géopsychisme

Ce vide théorique a rompu définitivement les amarres entre les modèles biologiques et psychologiques. Nous en avons un bon exemple avec le sexe génétique et le genre culturel, séparés mais gravement déconnectés l’un de l’autre, comme si le genre était un nuage poussé par les vents culturels au-dessus d’une terre génétique dont il s’est émancipé. Nature et culture sont réunis par de stupides pourcentages. Tel trait de personnalité est déclaré à 30% génétique et tel autre à plus de 80%. Les sciences humaines ont réagi ainsi aux critiques sur leur manque de reproductibilité, attaques motivées aussi parce que nous n’aimons pas entendre tout ce qu’elles susurrent à notre sujet. Les voici réduites à une physique simpliste de l’esprit.

Je vous propose de quitter ce réductionnisme ambiant et d’utiliser une vraie théorie de la personnalité, une “géologie” du psychisme. Simplifions-la : la génétique programme chez nous des tendances modulées par l’environnement. Mais il ne s’agit pas d’influences percentiles comme si nous additionnions des ingrédients dans une marmite spirituelle. Ce sont plutôt des couches géopsychiques qui s’empilent les unes sur les autres à mesure de la maturation de l’esprit. Chaque couche organise la précédente et complexifie l’ensemble. Les plus anciennes deviennent invisibles. La conscience sait ce qu’elle décide dans son propre espace mais n’a plus accès aux ressorts de ses décisions. Au mieux peut-elle les modéliser et les ajouter à son espace de travail.

Malfaçons et résiliences

Chaque étage a sa propre histoire et mérite qu’on s’y penche. C’est ainsi que nous pouvons construire une représentation sophistiquée du soi en conscience. Ceux d’entre nous “à la recherche de leur identité” ont seulement une image du soi trop peu détaillée, qui n’aide pas à définir une ligne de conduite précise. Un enfant n’a pas encore formé une identité profonde. Ce sont les adultes qui la lui donnent, en glosant sur ses traits de tempérament génétiques, encore très apparents puisqu’il commence seulement à épaissir son géopsychisme.

Nous nous référons généralement à ces couches par les évènements marquants qui les ont modelées. Nous en faisons un récit, celui de notre identité. Le récit est linéaire et continu, appartient à notre mémoire épisodique. C’est une facilité. En réalité bien d’autres évènements moins marquants ont modelé notre mémoire structurale et exercé de plus grandes influences. L’identité complexe est discontinue. Ses couches ont une indépendance relative. Un évènement dramatique peut fragiliser définitivement l’identité future, en laissant un sous-sol instable, tandis que chez quelqu’un d’autre la couche retrouve une organisation plus solide qu’auparavant. Nous appelons cela la résilience.

Dégageons le fil conducteur de sous le tapis

Grâce à ce fil conducteur nous pouvons comprendre comment le sexe génétique devient un genre sexuel plus aléatoire, comment l’hétéro-chromosomie devient hétéro homo ou bisexualité, ou encore comment femelles et mâles génétiques deviennent féminin(e)s et/ou masculin(e)s. En effet masculin n’a pas le même sens que mâle mais n’en est pas émancipé. Les significations se situent à des étages différents de notre complexité géopsychique. En nous y élevant, nous pouvons changer de cage d’ascenseur et être consciemment femme en étant génétiquement homme, souvent parce qu’un évènement un peu violent nous a éjecté de l’ascenseur initial.

L’hétéro-chromosomie détermine bien d’autres facettes du comportement que la sexualité. Le nombre de couches entre génétique et conscience adulte est tel qu’il semble impossible de suivre le fil causal entre interactions protéiniques et relations sociales. D’où l’utilisation assez ridicule des pourcentages inné/acquis. Nous avons balayé le problème sous le tapis plutôt que reconnu notre impuissance. Ce fil causal existe pourtant et construit chacun de nos étages mentaux. C’est un principe valide de la génétique à la sociologie : le principe individuation/appartenance, dont j’ai déjà détaillé l’intérêt dans plusieurs livres.

Tous masculins et féminins

Je me contenterais ici de l’appliquer aux concepts conscients ‘féminin’ et ‘masculin’. Derrière ces termes se cachent les notions d’appartenance et d’individuation. Nous jugeons féminin celle ou celui qui est attentif aux autres, tente d’éprouver les choses comme eux, montre de la prévenance, place l’intérêt de tous au-dessus du sien. Nous jugeons masculin celle ou celui doté d’un ego fort et agressif, ramenant tout à lui, cherchant à s’approprier et à dominer.

Ces deux tendances, collectiviste et individualiste, sont présentes en chacun d’entre nous, femme ou homme, avec un rapport de force que nous contrastons sans doute davantage qu’il ne l’est en réalité. Nous jugeons ainsi des femmes fortement masculines et des hommes fortement féminins. En réalité il y a du féminin et du masculin en tous, dans un rapport de force programmé en bas par la génétique et transformé par notre géopsychisme jusqu’à la surface consciente.

Le cercueil de Mazan

Tout ceci relève de la théorie et celle-ci peut vous paraître incongrue. Néanmoins une théorie permet de coordonner les analyses et vous constaterez à l’usage, ou en lisant ce blog, que celle-ci éclaircit bien des contentieux dans toutes les disciplines, à la mesure de ses prétentions universelles. En passant maintenant à l’analyse de l’affaire Mazan, je m’engage en terrain plus fragile. Les applications d’une théorie sont plus spéculatives que son coeur. Elles sont parfois si fantaisistes qu’elles ont dégradé la force du terme ‘interprétation’ en celle évanescente de l’opinion. J’ai pris la peine de vous expliquer la théorie en espérant justement que vous ne dégradiez pas la suite en opinion. Les opinions ne reposent pas sur des théories mais sur des humeurs. À aucun moment dans l’affaire Mazan je n’ai lu de théorie, seulement des sautillements d’humeur, ceux assez discrets que l’on se permet à un enterrement. Je n’ai croisé que des chuchotements et des condoléances pour le décès de la dignité de l’homme. Mais s’est-elle éteinte seule ou l’a-t-on assassinée ?

La banalité des discours n’est guère surprenante car le cercueil est vide en réalité. La dignité fait partie de ces attracteurs flous du langage, derrière lesquels chacun d’entre nous place ses propres icônes sacrées. Par exemple certains balayent la gravure “Tu-ne-tueras-point” parce qu’elle gêne le drapeau “Indépendance”, ou fait de l’ombre à un poing politique brandi, à une statuette religieuse quelconque. Il devient alors “digne” de tuer l’ennemi “indigne”.

L’intuition étouffée

La majorité des hommes ne ressentent aucunement leur dignité écornée par les violeurs de Mazan. Les icônes installées derrière ne sont pas les mêmes. Ce ne sont pas celles du patriarcat en tout cas. Il est possible de continuer à s’éprouver patriarche “en toute dignité”. À vrai dire nous manquons de patriarches et de matriarches, c’est le coeur de mon analyse.

Nos aïeux avaient des identités nettement plus fortes et sincères que les nôtres. Il n’est pas nécessaire de théoriser le principe individuation/appartenance pour parvenir à la même réussite. Nous éprouvons ce principe intimement. Le percevoir demande seulement de laisser surgir cette intuition naturelle qui monte comme un magma depuis la génétique jusqu’à notre conscience. L’importance du soi comme le souci pour les autres sont là, contradictoires, porteurs d’une inégalité constante dans le traitement des situations. Ce sont des théories contre-intuitives, comme l’égalitarisme radical, qui étouffent cet élan spontané de l’esprit. La culture de nos aïeux a eu le tort de trop radicaliser les statuts de l’homme et de la femme, mais nous avons empiré ce radicalisme culturel avec l’égalitarisme, qui nie bêtement l’existence de nos différences génétiques et du conflit individuation/appartenance.

Le collectivisme à l’envers

Notre culture pousse aujourd’hui à croire qu’il n’existe plus ni femmes ni hommes mais des humains vagues et indifférenciés. Pensez-vous que ce soit nourrissant pour nos identités ? Le pire serait de supposer qu’un tel discours soit bon pour le collectivisme. C’est comprendre le sentiment d’appartenance à l’envers. Faire partie n’est pas insérer son être dans le collectif mais au contraire laisser ceux des autres venir dans le sien. Une erreur de direction bien trop courante aujourd’hui. Les gens ont l’impression d’être collectivistes en donnant leur opinion sur ce que devrait être la société. Mais c’est en recevant le désir collectif qu’ils le sont.

Avoir conscience de l’erreur nécessite d’identifier nettement les deux pôles de l’échange en soi. Il faut être à la fois fortement individué et réceptacle très poreux du désir des autres. Ce n’est pas une contradiction mais un conflit. Le conflit est le moteur qui élève notre personnalité, forme les meilleurs d’entre nous. Les patriarches et les matriarches ont acquis ce statut en traversant beaucoup de conflits. Chaque conflit qu’ils laissent entrer en eux leur fait gagner une éthique plus universelle.

Des règles…

Patriarches et matriarches se font reconnaître par leur aisance à aborder tous sujets de manière sincère. Ils ne sont pas conciliants. Cela reviendrait à tenir un double discours, celui pour soi et celui pour l’autre. Quelle sincérité trouver dans la duplicité ? Ce n’est pas une manière de résoudre un conflit mais de l’esquiver. Et pourtant elle a infiltré largement notre société contemporaine. Le mensonge est rituel et grâce à son cloisonnement toutes les opinions ont le même droit à l’importance. Chacune peut s’installer dans son fief et le conflit n’est plus admissible, ou reste feutré. Le patriarcat, qui s’est toujours doublé d’un matriarcat dans les civilisations avancées, ne fonctionne pas ainsi.

Les cultures traditionnelles reconnaissaient fort bien l’importance cruciale des pôles individuation et appartenance, avec leur conflit inévitable. Ces cultures étaient plus proches de la nature humaine que la nôtre, moins séparées d’elle par des modèles neuraux qui sont en fait des déserts théoriques. Nos aïeux attachaient davantage de valeur à leur expérience intime. Ils observaient l’agressivité mâle produire des inconvénients autant que des avantages en société. La culture avait pour premier objectif de la canaliser par un ensemble de règles strictes, inculquées depuis l’enfance avec les moyens du bord. Éducations trop négativistes dans les milieux défavorisés et trop positivistes dans les milieux élitistes.

…au libertarisme

Aujourd’hui nous avons considérablement progressé sur les moyens éducatifs. Mais l’ensemble de règles a disparu ! L’égalitarisme radical a produit l’enfant-roi, qui se charge à présent seul de sa progression morale. Va-t-il spontanément au conflit ? Pourquoi faire, puisqu’il n’y est pas contraint ? Il louvoie, empaquette ses désirs dans un emballage normalisé, les déballera plus tard quand il aura acquis la fabuleuse indépendance offerte à la majorité, voire bien avant puisque l’enfance est désormais synonyme d’impunité. Tout est permis. Les barrières sont devenues de petits murets faciles à enjamber.

La culture des patriarches et des matriarches hébergeait une forte proportion de ratages sociaux en raison des conditions de vie difficiles, des maladies et de la faiblesse de l’organisation collective. Même ces ratages cependant étaient sincères, dans le sens où les défavorisés se voyaient tels qu’ils étaient, avec leurs échecs et réussites. Nos aïeux partageaient une même réalité, se racontaient des évènements factuels. Le terme ‘fake’ n’avait aucun sens. Quand révolutionnaires et conservateurs s’abreuvaient d’injures en confrontant leurs opinions, ils parlaient du même monde, d’un cadre partagé.

Individus: 7 milliards – Tout: 0

Aujourd’hui la réalité est égotiste, étriquée, masculine, chez les hommes comme chez les femmes. Le féminin s’est évanoui. Le partage sincère a disparu, remplacé par des obligations institutionnelles. La solidarité est un impôt payé de mauvaise grâce par des egos sur ergots. Sept milliards de réalités individuelles remplacent la réalité partagée. Bien sûr ces univers mentaux ont toujours été indépendants, mais ils étaient persuadés d’être inclus dans une réalité matérielle et sociale unique. Effet d’un puissant pôle d’appartenance dans tous les esprits. Ce pôle est à présent effondré.

Le féminisme n’est pas étranger à cette catastrophe. Le militantisme a consisté à réclamer les mêmes droits que les hommes, c’est-à-dire hausser l’ego de la femme à hauteur de celui de l’homme. Problème : les femmes poolaient l’essentiel du collectivisme, parce que la culture leur avait sanctuarisé ce rôle. Le champ collectiviste a été évacué par les nouvelles émancipées, sans que les hommes fassent le moindre effort pour l’occuper à leur place. Résultat : la  vaste aridité du collectivisme contemporain. Femmes et hommes d’accord sur la nécessité du solidaire, mais attendant que les autres s’y mettent. Que des coqs attendant que l’un se mette à pondre. Comment fait-on, sans utérus ?

Pourquoi moi ?

Il n’y a pas d’ego fort sans une appartenance infatigable. L’un ne peut se définir sans l’autre. En concurrençant les egos-hommes les femmes n’ont pas renforcé les leurs, tous ont été affaiblis. Nos appartenances se sont asséchées, réduites à des flaques groupistes acides et hostiles. Matriarches et patriarches, qui possédaient les deux puissances, sont en voie d’extinction. Nous en sommes réduits à les admirer, à leur vouer des cultes, apercevant clairement en eux une sincérité que nous n’avons plus. Du moins ces grands personnages sont encore célébrés par les philosophes, car ailleurs c’est la religion du Citoyen-Moyen-Roi qui se répand.

C’est de cette religion de la banalité, de l’absence de règles, de la nonchalance à faire le mal, que sont issus les violeurs de Mazan. Bien sûr qu’ils sont étonnés qu’on les brocarde ! Ils n’ont fait que suivre la tendance contemporaine. Purs egos s’écoulant dans le courant de leurs désirs sans avoir besoin de choisir une direction. Toute opportunité est bonne à prendre. Ne suis-je pas le monarque de ma réalité personnelle, moi le citoyen-roi ?

Prononçons l’amen

Mazan ? J’accuse nos wokismes contemporains de ce désastre, de la déchéance de ces hommes, de la banalité de leur vide existentiel. Le féminisme n’a fait que renforcer en masse le masculin dans notre société, l’ego centrique et indifférent aux autres, qui chosifie le monde et se l’approprie. Le militantisme l’a renforcé chez les femmes comme chez les hommes.

Le grand perdant est le féminin, notre sentiment d’appartenance, notre souci des autres, desséché chez les féchas comme chez les machos. La Justice, au bout de son arsenal législatif, se désespère devant le fléau incliné de sa balance. L’un des plateaux croule sous le poids des egos, l’autre est vide de tout collectivisme.

C’est le féminin assassiné que nous enterrons aujourd’hui à Mazan. Hommes ou femmes, pleurons-le. Amen.

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