Bizarreries quantiques sous le double regard

Si nécessaire, commencez par Qu’est-ce que le double regard?

Bizarre au milieu des autres images, pas pour les maths

Une constante dans les ouvrages de vulgarisation du monde quantique : présenter les particules comme des entités abracadabrantes, tellement insensées que le Pays des Merveilles de Lewis Carroll semble presque sage en comparaison. Vous lisez ainsi qu’elles « modifient leur passé » ou « n’ont pas d’existence avant d’avoir été observées ». Non, ce sont ces descriptions qui sont extravagantes. La mécanique quantique, pour le regard ascendant, est un vulgaire ensemble d’équations. Les particules sont ontologiquement pure information, à l’instar de tout ce que nous pouvons comprendre. Impossible d’accéder au réel en soi de cette “matière”.

La restriction s’étend à notre mental, du moins pour cette direction du regard. Nous comprenons la pensée en tant qu’information auto-organisée. La différence, ici, est qu’en plus nous l’éprouvons, en étant à bord. Une seconde direction du regard est l’auto-observation de sa pensée. La conscience est se regarder éprouver. Regard descendant, téléologique, qui fait jaillir l’excentricité du monde quantique au milieu des autres représentations.

La bizarrerie vient d’équations (physiques) qui semblent insolites à d’autres (mentales), jamais à elles-mêmes. Ne transférons pas aux particules notre sensibilité, notre impression de temps et d’espace. Il existe un gouffre de complexité entre elles et notre conscience.

Pas de modification du passé

Une particule ne modifie pas son passé, aucune chance : pour elle le temps n’existe pas. Un photon n’éprouve aucune durée entre son départ et son arrivée. Il se voit parcourir une distance, mais aucun temps. Le délai n’existe pas ailleurs que dans l’oeil de l’observateur, dans son regard descendant. Quelle preuve ? Si l’observateur course le photon et change son propre temps en accélérant, le photon continue à s’éloigner à la même vitesse : il n’appartient pas au temps de l’observateur.

La même correction s’applique à l’emplacement. Pour le regard descendant la particule n’est localisée qu’en étant observée. L’observation est réellement un processus créateur : c’est une interaction qui construit la localité à partir d’un niveau de réalité où l’espace n’existe pas encore. Fondamentalement le photon se trouve dans un plan sans temps ni espace. Son interaction avec les autres particules fait surgir ce cadre, qui s’offre à notre seul regard descendant ; il est toujours invisible à celui du photon lui-même.

Variétés dimensionnelles

Au sein du cadre spatio-temporel, les dimensions ont des propriétés très différentes. Les spatiales sont au nombre de 3 (ou davantage selon la théorie des cordes) et interchangeables. Les physiciens utilisent le terme ‘variété’ à la place de ‘dimension’ (notre univers est un espace ‘4-variétés’) mais c’est source de confusion. Mieux vaudrait réserver ‘variété’ au regroupement de dimensions similaires. Une variété pour les spatiales, parfaitement identiques et stables : l’emplacement est une propriété extrêmement précise dans l’ensemble de l’univers macroscopique régi par elle.

Une autre variété est la temporelle, au contraire très élastique. Associée aux spatiales elle forme un cadre spécifique à chaque niveau de réalité. Les relations d’un niveau créent en effet leur temps propre. Des particules élémentaires au traitement mental de l’information, une multitude de niveaux est édifiée, chacun propriétaire de son cadre. Cadres unis par la variété spatiale commune mais séparés par la variété temps, qui apparaît et se distend à mesure que les niveaux s’empilent et les relations s’éternisent.

La variété complexe

Une dernière variété est la dimension complexe, en apparence née de cet empilement. Car une variété peut naître des relations entre d’autres. Le temps est possiblement conséquence de l’espace. Mais il faut quelque chose pour secouer l’espace, l’animer. Le principe de la complexité lui-même ? Alors la variété complexe serait primitive et les spatiales et temporelle secondaires. Pourtant la complexité semble bien conséquence des écarts temporels propres aux relations. Le serpent se mord la queue.

C’est la difficulté à séparer nos deux regards qui nous trouble. Le principe ontologique de la complexité n’est pas son apparence. Il existe un principe unique pour le regard ascendant, qui construit différentes variétés dimensionnelles pour le regard descendant. Incroyable principe qui s’auto-élève, s’auto-instruit, s’auto-contemple…

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