Le principe T<>D en sociologie

Cet article est un éclairage original sur les violences de 2023 en France, redéfinissant ce que peut être une vraie démocratie participative.

Abstract: Le principe individualiste est facile à situer dans mon corps unique, tandis mon principe solidaire se perd dans un dédale de cercles sociaux de moins en moins identitaires. Les cercles intimes concentrent et renforcent mon empathie. Jusqu’où celle-ci portera-t-elle ensuite ? La laisser s’étendre n’est possible que si les cercles que je traverse ne sont pas rendus étanches. Il faut les intégrer dans une hiérarchie profonde et fluide, au lieu de vouloir faire sauter celle-ci. Allonger l’entonnoir inversé que forme la hiérarchie, d’autant plus que les individus sont nombreux à sa base. Pouvoir avancer et reculer à l’intérieur, ne pas se retrouver figé par un égalitarisme forcé et des classes sociales caricaturales, échapper à son niveau d’incompétence. La vraie démocratie participative est s’inclure dans la hiérarchie représentative, sans se dispenser des évaluations indépendantes que l’on réclame aux décideurs en place, au contraire en se les imposant. Le modèle de l’entreprise appliqué à la vie civile ? Pourquoi pas, si tous les citoyens sont actionnaires.

Le conflit moteur de la réalité

Le principe T<>D fonde intégralement notre réalité. C’est le fil conducteur utilisé dans ces articles. Toute entité, qu’elle soit matérielle ou virtuelle comme nos esprits, est mue par le conflit entre son individuation et son appartenance à quelque chose de plus vaste. L’individuation c’est le T de soliTaire, “Je suis”; l’appartenance c’est le D de soliDaire, “faire partie de”. Comment ce principe se retrouve-t-il dans notre organisation sociale ?

L’organisme humain est lui-même résultat du principe T<>D agissant à de multiples niveaux de complexité. Mais puisqu’ici je m’intéresse à la sociologie, je définis comme entité de départ l’être humain, un un esprit intégré dans un corps. Comment le T exerce-t-il son effort d’individuation et le D son encouragement à fusionner dans le collectif social ?

La communauté, frontière de solidarité

La tâche est simple et précise pour le T : un seul corps, une seule source de désirs, un monde regroupé dans un seul esprit. Un maximum de pouvoir doit être rassemblé à cet endroit. Bien plus ardue et floue est la tâche du D : jusqu’où étendre notre solidarité individuelle ? Elle diffuse à travers des cercles sociaux de plus en plus éloignés, hébergeant des âmes innombrables et moins connues. Si la force du D impacte en priorité l’empathie pour nos proches, elle conditionne aussi la distance à laquelle nous l’exerçons, après avoir perdu en intimité en franchissant chaque cercle, et finalement s’affadir dans la multitude de nos congénères.

Ce sont ces pertes significatives de puissance qui créent les communautarismes aux dépens du collectivisme intégral. De fait, la définition du collectif humain reste très personnelle. Jusqu’où suis-je intégré à ce qui m’entoure ? Mon milieu socio-culturel ? L’espèce humaine ? L’ensemble du vivant ? Plus je suis empathique et plus cette empathie gagne en assurance, plus je m’étends à l’univers entier, sans rupture fondamentale avec mon identité. Je ne suis pas démiurge mais j’y participe.

Cela implique que je sois capable de surmonter les règles des cercles sociaux qui me séparent du reste du monde. Plus ces règles isolent nettement l’inclus et l’exclus, plus la barrière est difficile à franchir pour mon D solidaire. La communauté est cernée par une muraille, un champ de force qui renvoie l’empathie vers l’intérieur et la concentre sur ceux qui en font partie. Le D y est puissant mais faussé, parce qu’il existe encore un plus grand collectif, qu’il faudrait considérer. Or le D se voit interdit de filtrer vers l’extérieur, domaine occupé par des étrangers indésirables voire impies.

Comment rendre moins égoïste une personne aigrie ?

Les cercles sociaux sont indispensables. C’est leur structure qui permet de concentrer notre empathie sur nos proches, là où elle est la plus nécessaire. Elle serait infime, impersonnelle et inefficace si nous devions la disperser entre des milliards de congénères. Polariser son empathie montre immédiatement des retours et la renforce. La récompense est grisante. Le D solidaire gagne en célébrité mentale et s’étend.

Les cercles sociaux les plus intimes sont les vrais générateurs de puissance empathique. Le comprendre permet d’accepter par exemple cette situation un peu scandaleuse : qu’une personne esseulée montre davantage de souci pour son animal domestique que pour des enfants. Vieille égoïste aigrie ? Mais si elle ne pouvait pas concentrer son empathie sur sa bestiole, probablement en montrerait-elle encore moins avec les gamins.

La limite naturelle de la solidarité

Un danger aigu guette cependant tout cercle social : radicaliser la séparation entre inclus et exclus, la rendre imperméable. Le cercle radicalisant crée le misanthrope, la famille étouffante, les amitiés névrotiques, les sectarismes, racismes, spécismes. Le T individuel s’ébat dans un monde rétréci, clôturé, et la solidarité du D s’interrompt brutalement à sa limite.

Plus le T fait l’objet d’une promotion au détriment du D, moins le D a la force de dépasser les cercles intérieurs. Nous assistons aujourd’hui à une telle évolution, avec la réalisation de soi vantée comme summum de l’aboutissement personnel. Le T compte plus que Tout. La responsabilité du D est transférée à des entités virtuelles —gouvernement, organismes sociaux, associations. S’en charger soi-même n’apporte guère de récompense —l’effort solidaire est souvent vain. Le citoyen d’un pays riche se déculpabilise avec les dons de la nation à des pays pauvres, les soupes populaires et les Téléthons. Il est vrai que l’équipement mental de l’humain est limité. Il peut se préoccuper d’une bonne centaine de congénères. Au-delà leurs représentations deviennent génériques et ce sont de grands idéaux virtuels qui prennent le relai.

La solidarité doit élever des cercles et non les supprimer

Si une espèce comme la nôtre atteint plusieurs milliards d’individus et que chacun ne peut gérer qu’une centaine des autres, la structure nécessaire au maintien de la société devient obligatoirement virtuelle. Le D, s’il veut faire tenir tous ces êtres ensemble dans un même écosystème, est contraint de passer par les idéaux, qui sont les mèmes les plus uniformes et faciles à partager. Pour fusionner les parts solidaires de tous les individus, le D doit insinuer dans les esprits des cercles sociaux plus élevés, plus universels.

Encore faut-il que chaque individu reconnaisse les autres comme des semblables. Comment unifier les D quand des humains classent d’autres humains en sous-espèce ? Le racisme étrangle le D. Et en reprenant notre exemple précédent, il est bien un reproche à faire aux propriétaires d’animaux domestiques : dans les pays riches, la solidarité envers ces petits compagnons est souvent meilleure qu’avec ses propres congénères…

Ne jetons pas le nécessaire groupisme avec le méchant populisme

La faiblesse croissante du D, face à la promotion du T, du chacun pour soi, est directement responsable de la montée des populismes. Le populisme, c’est l’exacerbation du T sans renforcement parallèle du D, aboutissant à la fermeture des cercles sociaux. Sectarisme et conspirationnisme en sont les conséquences dans les cercles locaux, et le populisme politique pour les cercles nationaux. La connivence entre ces bouleversements récents devient évidente sous l’oeil du TD.

Ne confondons pas ces dérives avec le groupisme. Le groupisme en soi reflète la présence nécessaire des cercles sociaux. Ceux-ci sont vraiment indispensables, par la concentration identitaire qu’ils favorisent. Sans le groupisme, nous l’avons vu, notre soi se dilue dans l’infini des autres qui nous entourent, et pour lesquels nous avons une injection de respect égalitaire. Comment notre T individuel pourrait-il survivre dans ces conditions ? La protection par les cercles, celui de la famille en premier, est son commencement d’existence.

Des algorithmes qui font la promotion du T

Le collectivisme aurait-il du se trouver renforcé par la multiplication des humains et leur rassemblement dans d’immenses mégalopoles ? C’est le contraire qui est survenu. Habitats concentrés, standardisés, réseaux impersonnels et illimités. Nos identités se sont diluées, dispersées, dénaturées dans ces agglomérats contraints. En réaction nos esprits ont opéré un retour en force vers le groupisme. Ils se sont même précipités vers ses excès sectaires, aidés en cela par les algorithmes des réseaux, très favorables au T.

Avec cette promotion du T et le rétrécissement du groupe à ceux qui partagent nos convictions, à l’exclusion de tous les autres, les cercles supérieurs apparaissent étouffants et tyranniques. Nous n’éprouvons aucune appartenance solidaire aux entités sociales plus vastes et rejetons agressivement leurs représentants. Ils complotent contre nos désirs. Ils veulent nous nuire, c’est une certitude ! Comment comprendre les règles d’un cercle auquel on ne consacre pas une partie minimale de soi ? Pour un complot qui se dévoile par élargissement de la perspective, cent complots naissent de l’enfermement mental.

Les cercles radicalisent nos comportements

Les cercles sociaux ont ainsi un effet paradoxal sur nos esprits. Ils sont nécessaires pour créer et affermir notre identité personnelle, mais sont également étouffants et tyranniques parce qu’ils s’imposent continuellement à cette identité naissante. Le paradoxe est simplement celui du principe T<>D, qui est un conflit en soi. Si le D pèse trop sur le T, le T entre en rébellion. Je casse tout, j’agresse des inconnus. Si le T pèse trop sur le D, la société s’effondre, le monde devient une jungle, et la solidarité tente de se relever de ses cendres. Je reconstruis avec mon voisin, j’accueille les désespérés.

Comment éviter de telles extrémités ? En rendant les cercles sociaux moins étanches, ce qui implique aussi de les multiplier à mesure qu’ils se remplissent. Pour le comprendre, répondons à cette question piège : Qui de Louis XIV ou de Macron est plus proche de ses auxiliaires ? Le premier sans doute. Ce n’est pas que le second ait plus de morgue, comme le prétendent les envieux, c’est que les petits fonctionnaires de la République sont mille fois plus nombreux que les serviteurs du roi. Malgré la hiérarchie rigide et tranchée de la France royaliste, Louis XIV était sans doute plus proche des “petits” grâce à des cercles sociaux plus restreints et la vie côte à côte. L’empathie du peuple pouvait filtrer vers “notre bon roi” qui faisait un peu partie de la famille, comme les portraits des grands-parents. Qui se sent “famille” avec Macron aujourd’hui, que l’on soit de ses partisans ou adversaires ?

Notre Bon Président

Impossible. Une nation de 68 millions de personnes mélangeant des cultures et confessions étrangères n’a plus rien d’une “famille” et aucun président ne peut plus en être le patriarche respectable. Se considérer comme des ‘enfants de la Nation’ n’a plus aujourd’hui aucun sens. L’échec de Poutine en tant que “père de la Russie” est patent, poursuivant l’échec de ses prédécesseurs à unifier par la contrainte des populations toujours plus nombreuses et culturellement cloisonnées. Certes nous avons besoin de meneurs charismatiques ; cependant plus ils doivent mener des groupes immenses moins ils doivent se différencier. Il est plus important de ne pas retrouver ce qu’on déteste dans un meneur, que retrouver ce qu’on apprécie.

Selon cette règle, plus un élu est proche de nous, plus il doit être leader d’opinion (la nôtre). Plus la hiérarchie s’élève et s’éloigne de nous, plus c’est un bon gestionnaire qu’il nous faut, capable d’harmoniser les désirs contraires ou concurrentiels. L’intérêt de cette règle est qu’elle nous concerne quelle que soit notre position dans la hiérarchie. Citoyen de base ou député, elle s’applique à nous avec la même efficacité. Le citoyen veut un représentant qui porte son opinion ciblée, qui sera son député. Le député cherche aussi un représentant, qui sera son chef de parti, avec une opinion plus exhaustive : il part déjà d’une position hautement représentative. L’éventail des opinions chez les citoyens, certaines intenables, s’est réduit aux soutenables chez le député. Le citoyen voit alors dans le chef de parti un gestionnaire conventionnel, décevant quand la gestion ne correspond pas à ses préoccupations. Tandis que pour les députés le chef est bien un leader d’opinion choisissant une politique parmi celles admissibles.

La hiérarchie, un entonnoir renversé

Pour bien comprendre ce fonctionnement, prenons l’image d’un entonnoir renversé. À sa base, large, la multitude des opinions individuelles. À son sommet, étroit, une décision du pouvoir centralisé. La hauteur de l’entonnoir est le nombre d’étages hiérarchiques. La hiérarchie politique actuelle n’est guère étendue : citoyens, maires, députés, chefs de parti, président. L’entonnoir n’est pas bien haut, et très évasé quand sa base accumule des millions de citoyens. De plus en plus nombreux sont ceux qui ne se retrouvent pas dans le petit nombre de candidats à la présidence. Frustrant, car ils n’en sont pas si éloignés dans la hiérarchie. En tant qu’électeur je peux m’adresser directement à un candidat. Pourquoi aucun d’eux n’est-il capable de représenter correctement mon opinion ? Cet entonnoir court et évasé produit un engorgement du flux des opinions, qui n’a aucune chance de se fondre harmonieusement dans la décision finale. Il génère un fort taux de frustration chez les électeurs, d’autant plus que leurs T sont aujourd’hui plus nombreux et plus marqués, peu solubles dans le D.

Supposons que nous allongions l’entonnoir en augmentant considérablement le nombre de tranches hiérarchiques. Est-ce un projet insoutenable à l’époque où beaucoup ne supportent plus leurs gouvernants ? Non car ces tranches existent déjà, sans être correctement empilées et reliées. Nous vivons dans une société aplatie, où l’on n’emprunte que de petits escaliers hiérarchiques. Ce qui donne l’impression d’avoir pris de la hauteur alors qu’on voit surtout des alignements de têtes. Si par exemple je veux apercevoir le célèbre Coeur de Voh, ce dessin original de la mangrove calédonienne, il me faut un ULM. Simple promeneur, je ne verrai qu’un alignement de palétuviers.

Un grand nombre de petits escaliers hiérarchiques partent du citoyen : amis > réseau social > influenceur, collègues > syndicat local > organisations syndicales, actionnaire > conseil > PDG, consommateur > détaillant > fabriquant, etc… Ces escaliers ne débouchent pas sur l’entrée d’un autre. Ils ne sont pas coordonnés. Aucune gestion globale ne peut apparaître, et les effets d’un changement politique quelconque sont toujours aléatoires.

L’escalier à deux marches

Le pire est sans doute cet escalier à deux marches, cent millions de citoyens sur l’une, un seul président sur l’autre, reliés directement le suffrage universel. Comment serait-il possible d’élire le “meilleur” président dans une loterie pareille ? Et comment être surpris que de grands dictateurs névrosés accèdent à la marche suprême, quand toutes les névroses individuelles peuvent directement s’exprimer ?

Une hiérarchie acceptable est une hiérarchie allongée, dans laquelle chaque citoyen a l’impression de pouvoir se mouvoir. Il représente et synthétise les opinions moins informées en dessous du lui, propulse la sienne vers le haut. Il n’a jamais l’impression d’être tout en bas de l’échelle, car il existe toujours un petit escalier dont il occupe les marches les plus hautes. Mais il voit aussi la hauteur de tous ces escaliers mis bout à bout, ce qui réfrène sa hâte à se décerner le titre de calife à la place du calife. L’entonnoir a toujours la même large base mais désormais sa profondeur permet aux flux d’opinions de circuler librement dans les deux sens, sur une distance assez longue pour qu’ils se mélangent avant l’orifice de sortie, qui émet la décision finale.

Échapper à son niveau d’incompétence

Si l’on veut inclure la population planétaire toute entière, il suffit d’allonger encore significativement l’entonnoir, approfondir la hiérarchie, que chaque citoyen ait l’impression de s’en approprier plusieurs niveaux et pouvoir accéder à d’autres, avec un effort personnel. Il atteint ainsi tous ses niveaux de compétence, au lieu de rester à son principal niveau d’incompétence, qui est de juger l’individu le plus apte à gérer le destin de milliards d’âmes !

C’est le suffrage universel direct que je critique ici. Il a pour principale conséquence de rendre les manipulations de la foule particulièrement efficaces pour faire élire le mauvais président. Et de mélanger indifféremment opinions profanes, informées, infoxiquées. Notons que le citoyen a l’intuition, au minimum, des limites de sa compétence. Ce qui lui fait exagérer les mêmes limites chez les autres. Ironiquement nos défauts personnels servent ainsi à contester la légitimité du président. « Il a été élu par des crétins ! » Le président est déshabillé de son pouvoir par le suffrage universel, et non adoubé. C’est l’une des failles majeures de nos démocraties contemporaines, conséquence d’une structure sociale trop aplatie. En déposant le nom d’un candidat dans l’urne, nous jugeons le vainqueur comme si nous aurions pu inscrire notre nom à la place. Nous sommes tous des Grands Vizirs, à la porte de la succession du Calife. Mais qui, parmi nous, a l’expérience d’un job d’une telle portée ?

La Terre politique est plate

La démocratie participative est viciée par cette “Terre Plate” politique. Elle nous autorise les déclarations les plus stupides, puisque peu d’entre nous ont une responsabilité hiérarchique significative, qui ferait rendre des comptes. Nous sommes ainsi propulsés directement et couramment à notre niveau d’incompétence. Quand le psychologue Jonathan Haidt dit que « La dernière décennie aura été d’une stupidité exceptionnelle », il ne signale rien d’autre. L’intelligence moyenne n’a pas changé, par définition, mais nous pérorons bien plus souvent de notre niveau d’incompétence. Comment introduire alors une démocratie participative efficace ?

Le principe T<>D vient à nouveau nous épauler. L’efficacité implique un effort du D autant que du T. Il s’agit de faire vivre notre part soliDaire, pour que la société continue à exister, et pas seulement porter notre désir soliTaire. Participer n’est pas chercher à prendre le pouvoir suprême pour satisfaire son ego, ou se faire représenter par un ego identique et nul autre. Participer est contribuer à la meilleure gestion collective, augmenter la satisfaction générale même si aucune n’est pleinement réalisée, la sienne comprise. Participer est s’inclure dans une hiérarchie plus fluide, ce qui veut dire aussi la respecter…

Aux décisionnaires je dis que c’est en empêchant une part de la population de prendre pied dans la hiérarchie que l’on se retrouve avec des casseurs dans la rue. À la rue je dis que c’est en cherchant à détruire la hiérarchie qu’on la raidit encore plus, et qu’elle se réfugie derrière des lois policières.

L’entreprise est-elle un bon modèle hiérarchique ?

Nous avons de nombreux modèles d’entonnoirs sous les yeux. Les entreprises sont des micro-sociétés. Naturellement les plus grosses se sont hiérarchisées davantage que les petites pour éviter l’explosion. Bon exemple à suivre pour la société civile. De nombreux métiers sont apparus de nulle part, souvent traités de “fake jobs” —des imposteurs en col blanc. Mais je pense que la multiplication des paliers hiérarchiques qu’ils représentent est au moins aussi essentielle à la productivité de l’entreprise que les nouvelles tâches proprement dites. Généralement c’est une tâche existante qui est scindée en spécialisations. Tous les cadres ont l’impression d’occuper le haut d’un petit escalier, ce qui crée une atmosphère bien plus respirable qu’une hiérarchie strictement verticale. Mais l’organigramme n’a pas disparu. Il est plus fluide et facilite les échanges.

La fluidité maximale se voit dans les entreprises où tous les employés partent de la base et n’ont aucun plafond de compétence préétabli. Prenons l’exemple de McDonald. N’y voyez pas une promotion du sandwich à étages ! Les employés grimpent et descendent la hiérarchie facilement en fonction de leurs aptitudes. Devenir manager peut être très rapide. Le manager connaît la cuisine et donne un coup de main dans les rushs. La hiérarchie est souple mais bien présente. Imaginez en combien de temps vous auriez votre burger si chaque employé se prenait pour le manager et donnait des ordres aux autres…

Des citoyens actionnaires sont des citoyens concerncés

Un seul ajustement à faire pour adapter le modèle de l’entreprise à nos sociétés : faire de tous les citoyens des actionnaires, et pas seulement des employés. Capitaliser un héritage à léguer à nos descendants. Si cette injonction avait été respectée, certainement n’aurions-nous pas de catastrophe climatique en vue. Mais regardez comme ce point de vue renverse la perspective courante en écologie : ce n’est plus le capitalisme qu’il faut rendre responsable de la débâcle, mais le fait que nous n’en soyons pas tous actionnaires intéressés.

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