Le Troisième Larron

Une émergence bien réelle

Le Troisième Larron est une expression que j’utilise pour symboliser l’émergence formée par un ensemble d’éléments en relation étroite. Tout formé par les parties. Information dotée d’indépendance relative, qui s’impose aux parties. Cette notion est universelle. Elle s’applique au couple (Troisième associé aux deux compagnons), famille, conscience professionnelle partagée par des artisans, culture rapprochant les membres d’une ethnie, discipline scientifique unissant des chercheurs, etc.

L’émergence d’un système de relations peut avoir une existence matérielle, par exemple les organes formant un corps, le comité d’un Ordre professionnel, un Conseil scientifique. On les appelle ‘organisme(s)’. Tandis qu’il n’existe pas de terme aussi bien défini pour les entités virtuelles : conscience parentale, sociale, corporatiste, ethno-culturelle. Leur existence est pourtant bien réelle : chaque individu peut se référer à cette information, utiliser ses principes, adapter son comportement.

Le Troisième change

L’expression ‘Troisième Larron’ concrétise cette influence, qui ne perdure que dans la présence de tous ses éléments. C’est une évidence pour le couple, dissous par le départ d’un compagnon. Mais c’est vrai aussi pour les ensembles plus grands. La disparition d’un élément remplace un Troisième Larron par un autre. L’information émergente existe toujours mais, en tant que fusion, n’est plus la même.

Là encore c’est évident quand une famille de 3 se réduit à 2 avec le départ d’un enfant. Les groupes plus vastes sont concernés également. Une célébrité qui disparaît modifie davantage le Troisième Larron qu’un membre ordinaire, mais toute absence est ressentie puisque l’élément était partie intégrante du réseau.

Des applications multiples

Vous lirez sur ce blog et dans Surimposium combien cette notion est précieuse. Elle permet de comprendre les relations asymétriques des compagnons au sein du couple. Chacun fait vivre avec plus ou moins de force le Troisième Larron qui concrétise l’existence du couple. Chacun est un mélange ‘être soi / être partie’. Si les deux ‘être soi(s)’ sont très forts, le Troisième Larron n’a aucun pouvoir. La séparation peut survenir à tout moment. Si les deux ‘être partie(s)’ sont forts, le Troisième Larron s’impose. Le couple est fusionnel.

Quand le mélange est asymétrique chez les compagnons, l’un d’eux est le pilier du Troisième Larron, l’autre s’en moque un peu. C’est le découragement du premier qui met définitivement fin au couple, tandis que le départ du second peut n’être qu’une rupture temporaire.

Dans n’importe quel ensemble de personnes en relation, il existe de même des individus plus déterminants pour le Troisième Larron, qui sont ‘être partie’ du groupe avant ‘être soi’. C’est ainsi que vous pouvez comprendre à présent ce paradoxe étrange : la force d’un collectif repose sur des individus particuliers.

Particuliers ils le sont, parce qu’inclus davantage qu’individués dans le groupe.

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