Mon miroir, mon chien et moi

Le chien adore et console. Le miroir juge. Dans les yeux émus du chien, le monde est empathique, s’identifie à nous, nous appartient au lieu de nous agresser. Dans le miroir aigu et glacé, le monde nous regarde à travers nos propres yeux ; il s’est émancipé davantage. Cela ne gêne pas les personnes dotées de forte assurance, qui s’adorent déjà ; elles vivent dans des maisons à miroirs. Celles en manque d’assurance, plus à la recherche d’empathie, d’adoration extérieure, vivent dans des maisons à chiens.

Les assurés forts se moquent des chiens, les considèrent comme des nuisances ; ils voient les miroirs comme des objets d’art, reflétant la beauté du monde. Les moins assurés évitent les miroirs, les considèrent inutiles et parfois pénibles ; ils voient les chiens comme des êtres sensibles, capables de deviner l’âme véritable des choses.

Tout cela traduit notre relation au monde, ai-je postulé d’entrée. Suis-je individu davantage que partie du monde ? Alors j’ai un monde à conquérir et j’apprécie que le miroir renvoie une image conquérante. Suis-je davantage partie que individuation ? Alors je dois me fondre dans le monde, m’y sentir intégré, et c’est la compagnie d’autres parties solidaires que j’apprécie.

Le miroir tranche et la langue du chien colle. Deux relations au monde bien différentes…

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