S’empêcher de définir Dieu

Jean-Luc Marion commente son ‘Parcours de la distance’ : « La distance définit Dieu. Un Dieu sans distance, connu et immédiatement accessible, sombrerait au rang d’idole de la cité […] La distance, telle que je l’entends, n’a pas le sens d’un éloignement et d’une absence, mais désigne l’écart qui seul permet la rencontre »

Marion est représentatif de ces philosophes catholiques qui laissent leur indépendance à Dieu, plutôt que se l’approprier comme le font la majorité des sectes islamistes, chrétiennes et juives. Les philosophes rejoignent dans cette distance les scientifiques qui refusent de considérer les lois naturelles comme fondamentales, c’est-à-dire de s’approprier la Nature. La réalité se recentre autour de ce que l’esprit humain est capable d’appréhender.

Est-ce une réduction de la connaissance, voire son enfermement ? Au contraire !!! L’esprit se tourne vers l’inconnu à partir de son noyau identitaire. Il s’ouvre véritablement à la connaissance. Quand les religieux s’approprient l’image de Dieu et les scientifiques celle de la Nature, c’est là qu’ils enferment véritablement la réalité entre leurs regards, en ayant construit une coque dogmatique à sa périphérie. Un oeil qui regarde vers son intérieur et non l’extérieur !

Je reformulerais le discours de Marion ainsi : La distance empêche de définir Dieu ; elle ne permet que la rencontre. Ainsi l’inaccessibilité de notre origine est valide. Nous en sommes bien les enfants, et non les créateurs dissimulés dans l’ombre, dans l’invisibilité du point de vue divin. Nous sommes réellement sur Terre, et non déjà en train de commenter la situation du Paradis.

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