Des westerns féchistes

Quand le féminisme militant est monté en puissance, j’ai eu du mal à revisionner des vieux films sans éprouver un certain malaise. Tous sont empreints d’une discrimination envers les femmes fort manifeste aujourd’hui. Ils se scindent cependant en deux époques différentes, avant et après la libéralisation des moeurs des années 60. Les films précédant cette révolution montrent un contraste marqué entre rôles féminin et masculin, mais un contraste assumé, les femmes adhérant entièrement à cette idée, aussi fières de correspondre au standard féminin que les hommes au standard masculin.

Ces films des années 50 gardent une ambiance bon enfant même en traitant d’affaires sinistres. Chacun semble idéalement à sa place, et plutôt content de l’être, dans un genre proche du dessin animé. Le quasi apartheid culturel entre femmes et hommes est accepté comme allant de soi. Il ressemble à celui de l’empire colonial et de ses ethnies nettement cloisonnées. Pas de mélange, pas de discrimination ! Réaliser que sa situation est désavantageuse demande d’examiner de près celle du voisin.

À partir des années 70, l’ambiance des films est moins bon genre… Les femmes ont gagné la liberté sexuelle mais rien d’autre. On voit plus nettement leur frustration d’avoir surtout pris conscience, avec l’homogénéisation des droits sexuels, que le féminin manque de droits équivalents ailleurs. Paradoxalement la liberté sexuelle se révèle être une perte de pouvoir, une facilité à mettre son corps à disposition des passions sans que rien d’autre ne change. On sent la victimisation croissante des femmes, et des hommes qui commencent à s’intéresser à ce nouvel aspect de leurs compagnes.

Mais si j’ai été un temps saisi de malaise devant les vieux films, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Pourquoi donc ? Loin d’être devenue égalitariste, la société contemporaine donne aujourd’hui un blanc-seing aux femmes pour des excès typiques du siècle passé, comme s’il y avait une dette à rembourser par l’ancien sexe fort. Les fécha, équivalents XX des macho XY, se font entendre haut et fort, alors que leurs contreparties masculines ont mis la pédale douce. Le même hyper-individualisme caractérise ces egos féminins névrosés qui ne se préoccupent guère de collectivisme, seulement de réaliser leur désir personnel.

Mondo Reverso est une série de BD (2 tomes) qui a repris les personnages caricaturaux des westerns en inversant leurs sexes. Les filles faciles dans les bordels sont des hommes, et les pistoleros rudes et coléreux sont des femmes. C’est très drôle. Mais moins choquant aujourd’hui qu’au moment de la première publication, en 2018.

C’est grâce à ce genre de BD que je n’ai plus aucun malaise devant les anciens westerns. Je remplace en imagination les acteurs par des actrices qui sont nos fécha contemporaines, aussi abruties dans leur ego hypertrophié que les vieilles gloires du Cinemascope. Mettons par exemple Sandrine Rousseau dans le rôle d’un tueur à la gâchette facile. Qui s’en étonnerait ? Pas moi…

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