Une philosophie universelle

Abstract: Je construis une méthode philosophique universelle en partant de l’acte de connaître, à travers différents binarismes : connu/inconnu, soi/non-soi —l’interaction, au sein de l’esprit, entre représentations du soi et du réel ; les premières divergent, les secondes convergent. Comment faire tenir tout cela dans une seule réalité, surtout avec un réel en soi inaccessible ? J’introduis une nouvelle variété dimensionnelle, la complexe, avec deux axes, horizontalité et verticalité (complexes). L’axe horizontal est celui des systèmes d’éléments, virtuels autant que matériels, unifiés par le concept ontologique d’information. L’espace de travail conscient, représentationnel, est un plan conceptuel horizontal. Tandis que sa constitution s’inscrit dans l’axe vertical, des niveaux quantiques aux graphiques créés par les réseaux neuraux, en passant par les niveaux de la physiologie neurale. Complexité constitutionnelle d’une autre nature que la représentationnelle. Dans cette dimension à deux axes, la place du phénomène représentatif ne peut pas être réduite à celle du système constitutif. Au contraire, leur écart génère deux regards opposés, ontologique et téléologique(s). L’ontologie du réel en soi n’étant pas accessible, c’est un regard pseudo-ontologique que génère notre esprit, une simulation horizontale de la verticalité complexe. Porté par la représentation du réel, le regard pseudo-ontologique converge —dans la science. Tandis que les regards téléologiques divergent —fondant la diversité des philosophies.

Sommaire

Partie 1: Se décaler du sujet avec quelques binarismes

Cherchons le début le plus simple

‘Philosophie universelle’, est-ce un oxymore ? Certainement pour ceux qui définissent la philosophie comme la diversité des manières de connaître. Alors élaguons l’oxymore. Ôtons en premier ce qui n’est pas universel. Ce n’est pas le prosélytisme holiste qui voudrait fondre nos pensées dans un Grand Tout fusionnel. Ce n’est pas, dans un genre assez proche, une pensée universelle qui produirait une “vérité vraie” à propos des choses et des personnes —on ne dératise pas un oxymore avec un pléonasme! En fait, s’il faut trouver un principe à une philosophie universelle, je prends le conflit. Principe tenace, constamment renouvelé par la diversité épistémique.

Cependant, dans la diversité, le conflit est multiforme plutôt qu’unique. Chercher l’universel m’amène à remonter avant la diversification. Je reviens à une définition plus élémentaire de la philosophie : l’acte de connaître. Dans quel cadre universel peut s’exercer cette action ?

L’esprit dévoreur d’inconnu

L’action transfère de l’inconnu dans le connu. Le cadre comporte donc ces deux espaces, connu/inconnu, et leur relation. Le cadre est indissoluble de son géniteur : l’esprit. Mais est-il réduit à l’esprit ? Le penser installe une philosophie particulière : le solipsisme, « mon esprit est Tout ». Je ne m’attarde pas longtemps. Si, dans mon esprit, ‘Tout’ est connu, je suis Dieu. Solipsisme “dur”. Cela ne correspond pas aux évènements quotidiens. L’inconnu me surprend constamment. ‘Tout’ comporte de l’inconnu, donc je reviens à mon cadre précédent. En tant que solipsiste “mou” j’ai seulement appelé ce cadre ‘mon esprit’. Je le divise entre connu et inconnu, à l’instar d’un non-solipsiste, que nous nommerons ‘réaliste’.

Le réaliste appelle le cadre général ‘le Monde Réel’. Dedans il situe son esprit pourvu de représentations, formant l’espace connu, et le monde indépendant de ces représentations, l’espace inconnu. Un pas élémentaire de la philosophie fut de reconnaître qu’une part de ce deuxième espace est même inconnaissable. Mon esprit ratisse l’inconnu à l’aide de ses représentations et récolte des réponses ; mais il ne peut connaître ce qui est au-delà de ses représentations et qui entre en relation avec elles. Reconnaître l’inconnu oblige à accepter l’inconnaissable, sauf à revenir à une conviction voisine de ‘Je suis Dieu’ qui est: ‘Je vais Le devenir’.

Pour clôturer la visite du solipsiste, il n’est séparé du réaliste que par la terminologie. Le solipsiste appelle le cadre général ‘l’Esprit’ et laisse l’inconnaissable en dehors. Le cadre du réaliste est plus large et inclue l’inconnaissable dans ‘le Monde Réel’.

Subjectivité mal placée

Penchons-nous sur le connu. Cet espace peut être divisé entre la connaissance que l’esprit a de lui-même et celle qu’il a du monde extérieur. Est-ce la séparation entre subjectivité et objectivité ? Non, il s’agit de deux objectivités dès l’instant où l’esprit sait qu’il est propriétaire de ces connaissances. La subjectivité est l’attribution fausse d’une connaissance à un acteur qui n’est pas le vrai propriétaire. C’est par exemple attribuer une représentation du réel au réel alors que c’est l’esprit qui l’a conçue. Le matérialisme est généralement subjectif et non objectif comme généralement pensé.

La subjectivité est aussi attribuer une représentation de l’esprit au réel alors que c’est toujours l’esprit qui la conçoit. L’éliminativisme est aussi subjectif. Les représentations que l’esprit forme à propos du réel parviennent ainsi à éliminer sa propre existence en tant qu’esprit. Seule la subjectivité parvient à générer une telle issue, tandis que l’objectivité de l’esprit est de reconnaître ses propres expériences.

Soi et non-soi, organisation mentale par dessus la physique

L’objectivité, répétons-le, consiste à accorder à chaque objet la propriété de ses connaissances. Je vais définir deux pôles d’objectivité dans le mental : 1) Le pôle Esprit regroupe les représentations de l’esprit à propos de lui-même. 2) Le pôle Réel regroupe les représentations de ce qui est extérieur à l’esprit. Cette séparation n’est pas que philosophique et spirituelle. Elle correspond à deux sensibilités corporelles différentes, intéroceptive (innervation des organes internes) et extéroceptive (organes des sens). C’est le premier pas d’une confluence entre système philosophique et système scientifique qu’il est possible de pousser bien plus avant, malheureusement pas dans les limites de cet article.

Si les termes ‘pôle Esprit’ et ‘pôle Réel’ vous déroutent, remplacez-les par ‘soi’ et ‘non-soi’. Ce sont de bonnes approximations.

Pôle Réel collectiviste et pôle Esprit individualiste

Nos deux pôles mentaux ont des destins fort différents. Le pôle Réel cherche à se coordonner avec ceux des autres. La reconnaissance d’un extérieur implique en effet celle d’autres esprits occupés à le représenter avec leurs propres pôles. Notre pôle Réel individuel a pour vocation naturelle de se rapprocher des autres. Il s’identifie à la réalité extérieure, censée être unique et indépendante de nos esprits.

Est-il arbitraire de supposer la réalité physique unique alors que les esprits sont multiples ? Peu importe à notre besoin de système philosophique universel puisque la réalité en soi est située dans l’inconnaissable. Ce qui importe est le relationnel avec la réalité en soi. Notre esprit se contente d’interpréter les régularités des choses. Ce qui nous facilite la construction du pôle Réel. La méthodologie reine ici est la science. Les pôles Réels les mieux coordonnés chez nos contemporains forment le groupe scientifique. Mais ce n’est pas le seul paradigme rencontré. Et la science elle-même a beaucoup de sous-groupes. L’unité du “monde réel”, tel que représenté par nos esprits associés, est loin d’être établie.

Une individuation évolutive

Le destin du pôle Esprit est fort différent. Il tend naturellement à se diversifier, pour plusieurs raisons : Les signaux intéroceptifs varient d’un individu à l’autre. Inapparents chez le bien portant, ils sont envahissants chez malades et hypochondriaques. Les signaux extéroceptifs varient en qualité et intensité, malgré nos similitudes anatomiques. Surtout les évènements vécus diffèrent notablement. Le pôle Esprit étant remodelé par chaque épisode, son identité est chahutée, souvent labile. La somme de ces représentations crée une scène mentale spécifique à chaque individu.

Nous hébergeons donc, au sein de notre esprit, d’un côté un pôle Réel qui cherche à s’unifier aux autres, de l’autre un pôle Esprit qui se personnalise. Comment gèrent-ils leur conflit ? Et comment nos manières de connaître, l’épistémé, s’inscrivent-elles dans ce schéma ? Il peut vous sembler étrange que j’édifie un système philosophique sur un modèle psychologique. Mais remarquez que nous psychanalysons sans relâche le discret réel pour définir un départ ontologique. Serait-il sérieux de s’en affranchir pour la fanfare du départ téléologique ? La tradition pour universaliser un philosophe est d’étudier sa psychologie, plus poliment après son décès. Or ici c’est la Philosophie que je veux universaliser. Et elle est éternelle ! Impossible d’attendre son trépas. Tout vient à point, voyez-vous ! Ce modèle va expliciter facilement nos préférences épistémiques selon le positionnement qu’y prend notre esprit.

Matérialiste ou idéaliste, un ‘ou’ à remplacer par un ‘et’

Il s’agit bien d’un conflit pôle Esprit / pôle Réel, entre soi et non-soi, chacun disposant d’une “opinion” sur l’autre. Comme dans tout conflit chacun des acteurs veut prendre le dessus. Compromis d’autant plus difficile que l’un éprouve davantage qu’il analyse, tandis que l’autre fait l’inverse. L’un est surtout inné, conservateur, connaît les mêmes expériences depuis l’enfance, est mu par des pulsions. L’autre est acquis, changeant, influençable, culturo-dépendant. Dans les sociétés modernes, le pôle Réel grandit à une vitesse impressionnante pendant l’éducation et repousse le pôle Esprit en toile de fond. La personnalité fait corps avec la réalité physique. C’est le profil matérialiste. Les pôles Réels contiennent les mêmes références scientifiques. Cette représentation unifiée est confondue avec la réalité en soi.

Parfois le pôle Esprit parvient lui aussi à dominer sans partage. C’est le profil idéaliste. La matière n’est plus créatrice mais seulement matérialisation de la volonté de l’esprit. L’univers doit se soumettre à nos désirs et non plus imposer ses processus sans âme. L’esprit est l’origine, soit en tant que fragment d’un Tout spirituel —pour les mystiques— soit en tant que récepteur des idéaux —pour les philosophes.

Un peu de verticalité, pour changer

Cette classification épistémique n’est pas nouvelle. Mais elle se présente habituellement sous forme horizontale : les différents modes épistémiques sont des aiguillages à choisir. Nous avons nos préférences, mais restons libres d’utiliser plusieurs modes et comparer leurs résultats. L’esprit peut se lancer sur la voie ontique, scientifique, empirique, cartésienne, kantienne, positiviste, holiste, systémique, pragmatique. Mais comment synthétiser les résultats ? Comment calculer leur poids respectif, comparer des qualités étrangères ? Il est illusoire de chercher une métaphilosophie à partir d’une classification horizontale. Nous trouverons succès et échecs dans tous les modes, sans pouvoir les prédire.

La classification verticale, hiérarchisée, est plus puissante. Elle définit deux directions à la connaissance, irréductibles l’une à l’autre : la direction ontologique et les directions téléologiques. Ces directions partent de deux objectivités séparées, également irréductibles l’une à l’autre : la constitution fondamentale des choses, et leur organisation finale, mentale. Ce qui les relie est la dimension complexe, une suite d’auto-organisations des forces fondamentales aux règles mentales. De chaque position part une direction privilégiée : 1) Des éléments fondamentaux part l’ontologie, décryptée par la science et considérée comme première. 2) De la conscience mentale partent les téléologies, décryptées par l’épistémologie et considérées comme intentionnelles et dominantes, sinon premières.

Mais aucune direction ne pouvant exister sans l’autre, leur challenge se révèle impossible. Il ne pouvait intervenir que dans la classification horizontale de nos modes épistémiques, que ses limites encouragent à abandonner. La pensée verticale nous en débarrasse.

*

Partie 2: La verticalité complexe

Dégoûté de l’usine à gaz?

Mon système philosophique se précise. Mais il a introduit plusieurs binarismes qui nuisent à sa clarté : connu/inconnu, matière/mental, pôles Esprit/Réel, constitution/organisation, ontologie/téléologie. Comment simplifier cette usine à gaz ? C’est justement l’introduction de la dimension complexe qui permet d’arriver à un modèle universel. Nos multiples approches convergent. Chacune des voies de connaissance peut s’inscrire dans cette nouvelle variété dimensionnelle.

Complexité en soi ou seulement épistémique?

Commençons par le binarisme ontologie/téléologie. La dimension complexe place les micromécanismes au bas de l’échelle de complexité et la conscience mentale en haut. Question : cette dimension complexe n’est-elle qu’un outil épistémique original ou s’impose-t-elle à la réalité en soi ? En voyant le succès de cet outil dans la description générale des choses, modèles se superposant efficacement d’une discipline à l’autre, il est difficile de penser que la réalité en soi n’y participerait pas. La pensée verticale a envahi la science autant que la philosophie. Les “niveaux de réalité” sont partout. Nous sommes passés d’un monisme dur/déterministe à un multidualisme émergentiste. Les scientifiques ne cherchent plus à imposer des forces fondamentales à toute la réalité en soi. Au contraire, ils questionnent les éléments de chaque niveau de réalité sur les lois qu’ils formulent ensemble.

Si la dimension complexe est une structure reconnue par le réel en soi, il devient possible d’inscrire ce réel à chaque niveau de complexité. Elle est en soi constitutive, et en non-soi interprétée par les observateurs, ce qui regarde la constitution. Ici apparaît la métaphore de la pièce à deux côtés, face constitutive et face interprétée, racine de la complémentarité entre regards ontologique et téléologique.

L’ontologie est une pseudo-ontologie

L’enquête est en bonne voie, mais n’ai-je pas oublié que ces représentations siègent entièrement dans l’esprit ? Si le réel en soi est inaccessible, comment puis-je décider soudainement de l’inclure dans ma dimension complexe ? La critique est juste. Je n’ai en fait aucune certitude qu’il soit à l’origine de mon ontologie scientifique. Les forces fondamentales font partie du langage de mon esprit, et ce langage a été souvent bouleversé par les révolutions scientifiques.

Il faut avouer. Avouer que l’ontologie est en fait une pseudo-ontologie, propriétaire de nos esprits malgré toute la science qu’ils peuvent héberger. L’esprit scientifique est un pêcheur. Il envoie ses hameçons théoriques dans les profondeurs du réel en soi. S’il mord l’esprit en est fort aise, et met un joli cadre autour de sa théorie. Puis il réfléchit déjà à un hameçon plus profond.

Le pseudo s’enrichit

Pseudo-ontologie certes, mais de plus en plus affirmée. Parce que chaque modèle se connecte mieux aux autres. Parce qu’ils sont plus précis, mieux vérifiés. Les photographies du réel en soi gardent leur statut de représentations, mais sont prises avec un matériel de sophistication croissante. La dimension complexe se montre à nouveau précieuse en vue d’un système philosophique universel. C’est le resserrement de son tissage, d’un niveau de réalité à l’autre, qui rapproche constamment notre pseudo-ontologie du réel en soi.

Autre apport essentiel de la complexité : il est possible d’accrocher l’inconnu à cette dimension. Les champs quantiques et la conscience n’en sont pas les extrémités, seulement des points bordant le connu sur la verticalité complexe. Il existe naturellement des plus fondamentaux à découvrir, des plus élevés à organiser. La dimension plonge des deux côtés dans l’inconnu. Ce qui la structure est la relation solide entre nos modèles de niveaux. Voici le binarisme connu/inconnu rattaché au système.

Cavalcade dans la complexité

Comment se promène-t-on dans la dimension complexe ? Les deux directions du regard, téléologique et ontologique, procurent des expériences contrastées. Le regard téléologique est spontané, ne nécessite aucune éducation. Il fait des sauts de puce en descendant la dimension complexe, procure des expériences propres à chaque niveau de réalité rencontré. L’être humain réveille une riche expérience émotive, l’animal une excitation fonction de sa rareté et sa dangerosité, la plante sentiments esthétiques et intérêt nutritif ; le caillou n’éveille pas grand chose sauf chez le géologue ou le collectionneur. Mais le regard téléologique parvient toujours à s’animer passionnément, même pour des incidents infimes sur l’échelle de complexité. Le physicien nucléaire fugue avec ses particules dans une collision amoureuse. Les téléologies sont aussi nombreux que nos esprits. Chacune cherche compagnie pour son assemblée particulière de représentations, quelque peu fétichiste.

Le regard ontologique est nettement moins exubérant. Il est patiemment calibré par la science pour servir les éléments fondamentaux, qui nous apparaissent faiblement complexes comparés aux humains. Il n’a pas été trouvé de vraie substance à ces éléments, mais une vraie forme, oui. C’est l’information. Aujourd’hui l’intégralité du regard ontologique utilise l’information, ainsi que les pseudo-substances que sont les dénominations des éléments en relation, eux-mêmes simples amas d’information.

Une complexité soudée par l’information, les soudures apparentes à l’observateur informé

Alors que le regard téléologique descend la complexité par sauts, l’ontologique s’efforce de la remonter d’un seul élan continu. Il utilise des modèles d’information successifs étroitement reliés par des corrélations. Les niveaux de réalité sont discernables avec le regard ontologique, mais ce sont des niveaux d’information intriqués. Le regard ontologique est le soudeur de la réalité. Pour les éliminativistes, les niveaux seraient un résidu du regard téléologique archaïque, qui pourrait être effacé par un algorithme ultimement fondamental, d’où se déviderait toute la pelote du réel. Attendons.

Les différences abruptes entre les deux regards se retrouvent dans leur langage préféré. En ontologie c’est la mathématique, codifiée à l’extrême pour limiter la fantaisie de ses utilisateurs. Sa cohérence interne présage de sa proximité avec le réel en soi. Celui-ci semble, par nature, mathématique. En téléologie, c’est l’opposé. La richesse des langues écrites, de provenance ethno-culturelles variées, permet à nos esprits diversifiés de multiplier cette direction du regard. Si la philosophie veut emprunter le langage mathématique, elle doit se restreindre à des tâches ontologiques sinon elle s’appauvrit.

Un intérêt particulier à chaque langue, chaque regard

Les langues écrites nomment les innombrables régularités du monde sous le regard téléologique. Elles leur apportent individuation, qualité, personnalité. Le langage mathématique uniformise le monde en tant qu’ensembles d’information sous le regard ontologique. Les deux regards sont complémentaires et indispensables, irréductibles l’un à l’autre. Pas de challenge.

L’intérêt particulier du regard ontologique est de montrer la continuité de la dimension complexe, le téléologique de montrer sa discontinuité. Ainsi pouvons-nous faire monter sur notre scène mentale une réalité tant moniste qu’emplie de contradictions et d’incompatibilités. Le double regard est le fondement d’un système philosophique universel.

Nous avons créé de nouvelles disciplines en haut de cette dimension complexe de la connaissance, près du mental conscient. Elles nous permettent à présent d’y intégrer l’esprit. Neurophysiologie, neurocognition, conscience, les corrélations s’améliorent. Corrélations ? Oui, n’oublions pas que téléologie et ontologie ne sont pas réductibles l’une à l’autre et qu’elles ne tiennent pas le même discours. ‘Corrélation’ est un terme provisoire désignant l’endroit où elles se rencontrent. Pour chaque niveau de réalité existent une face constitutive, quantitative, décrite par un modèle mathématisable, et une face phénoménale, qualitative, sujet d’expérience.

*

Partie 3: L’intégration de l’esprit philosophique

Comprendre notre complexité mentale

La nature de l’interface fera l’objet d’un autre article, celui-ci étant déjà… complexe. C’est un sujet délicat, plutôt scientifique que philosophique. En effet l’ontologie de la science voit une dimension complexe continue, en tant que déroulement d’algorithmes, tandis que la téléologie de la philosophie accepte facile la discontinuité des phénomènes. La science est donc la plus difficile à convaincre de la réalité des niveaux complexes, de ces pièces à double face constitutive et émergente. Ces interfaces constituent les ‘points’ de la verticalité complexe. Sans eux la verticalité s’effondre. Je préfère à vrai dire le terme ‘attracteurs’ à ‘points’, car la verticalité complexe n’est pas une variété spatiale ; c’est une dimension d’organisation.

Je demande pour l’instant à votre esprit scientifique d’admettre que ces attracteurs font partie du réel en soi, témoignent d’une variété dimensionnelle supplémentaire, la complexe, qui encadre les autres. Votre esprit philosophique sera séduit par cette opportunité. En particulier, la verticalité complexe permet de comprendre la différence majeure qui sépare dans le mental complexités constitutionnelle et représentationnelle.

Complexité constitutionnelle

La constitution est l’organisation du support neural. Il forme des niveaux de traitement des données que nous appelons ‘virtuels’, aussi concrets cependant que ceux de la matière physique sous le regard ontologique. Ce sont des ensembles d’information intriqués, décrits pour les neurones par la théorie des graphes.

Les phénomènes associés aux niveaux matériels sont les plus faciles à observer ; c’est pourquoi le regard téléologique leur associe la notion de ‘substance’. Tandis que les niveaux ‘virtuels’ sont bien plus nombreux, difficiles à séparer, et leur ‘substance’ n’est perceptible que pour les autres réseaux qui les observent. Ainsi ces niveaux sont spontanément invisibles à nos sens et à la téléologie consciente. L’espace de travail conscient les éjecte dans un univers alternatif, celui de la virtualité et des idéaux. Ils sont à présent visibles au regard ontologique éduqué, en tant que continuité de niveaux d’information succédant à ceux du support physiologique neural. Il n’existe aucune rupture ontologique entre le matériel et le virtuel. Avec la dimension complexe la réalité est moniste et multi-dualiste, chaque terme appartenant à un regard complémentaire et ne générant pas de contradiction.

De la constitution à la représentation

Un niveau mental est formé d’éléments virtuels appelés ‘concepts’. Ces concepts sont eux-mêmes assemblages de sous-concepts dans la structure que je viens de décrire. Constitutionnellement, un concept est un schéma neural activé. Chaque neurone participant occupe une position précise dans l’organisation graphique du cerveau. À l’intérieur d’un niveau, les concepts-éléments s’organisent pour édifier un nouveau système. Les relations produisent un enchaînement de configurations. Dans l’espace de travail conscient, sommet de la complexité mentale et source de notre expérience phénoménologique, c’est l’enchaînement des pensées.

Ces pensées sont hautement complexes puisqu’intégration de la haute pile conceptuelle sous-jacente. Elles peuvent être agencées ensemble dans le niveau où elles sont compatibles. La comptabilité ne dépend en rien des sujets des représentations, mais du niveau physique d’intégration mentale. Des concepts grossiers peuvent s’associer avec des sophistiqués. Exemple: La sensation d’une piqûre sur la peau parvient à l’espace conscient à travers une faible hauteur complexe, tandis que la représentation du moustique à l’origine de la piqûre possède une hauteur très supérieure. Les deux fusionnent dans l’expérience consciente, mélangeant la grossièreté de la sensation de piqûre à la définition pluriconceptuelle du moustique. La piqûre incite à l’acte d’écraser l’importun, “sans réfléchir”, tandis que la représentation du moustique peut inciter à simplement le balayer pour qu’il aille se nourrir ailleurs. Synthèse réflexive.

Complexité représentationnelle

La synthèse réflexive d’un niveau mental est l’interaction des concepts-éléments présents. C’est un processus interne au niveau, horizontal dans la dimension complexe. Le niveau peut établir la représentation d’un phénomène quelconque. Cette représentation peut être la cartographie complexe du phénomène. Elle simule la verticalité complexe du phénomène, mais à l’intérieur d’un niveau, c’est-à-dire forme un plan horizontal de la complexité. C’est une simulation. L’expérience de cette verticalité complexe n’est pas reproduite. La représentation n’en est qu’une description. Elle peut être comparée à d’autres, à nos propres expériences conscientes. Mais impossible de l’éprouver vraiment en tant que le phénomène authentique.

Les conséquences de cette limitation sont importantes. Nous pouvons simuler l’expérience mentale de nos congénères, la rapprocher de la nôtre, sans jamais l’éprouver comme eux. Chaque univers mental construit ses expériences spécifiques, inimitables, seulement verbalisables. C’est le langage verbal et corporel qui unifie nos expériences intimes.

Multiples horizons

La dimension complexe se ramifie en une foule de piles indépendantes, formant une multitudes d’univers à leur sommet. Paradoxalement, alors que c’est le regard téléologique qui éprouve son expérience unique, la multitude est une évidence plutôt pour l’ontologique, qui voit les systèmes d’information produire des résultats divergents à chaque niveau, aboutissant à un nombre inouï d’entités finales différentes. Le multivers apparaît au regard ontologique. Tandis que le regard téléologique cherche des similitudes, catégorise et rapproche les phénomènes du même ordre, dit: « Cet être qui me ressemble possède la même conscience que la mienne ».

Le plan est partageable, pas son expérience

J’ai dit qu’un phénomène complexe reproduit par l’espace de travail conscient en est une représentation horizontale, “aplatie”. Prenons justement l’exemple de ma pensée actuelle, qui vous décrit la complexité mentale. Mon texte traduit la verticalité complexe, mais le texte lui-même en est un aplatissement. Peu importe le vocabulaire fantastique, poétique, émotif, et empathique que je pourrais employer, il ne contiendra jamais mon expérience. Nous partageons son horizontalité, pas sa verticalité. Votre propre verticalité est en train de construire la même horizontalité que moi, le même sens du texte, ai-je espoir.

Je vais peindre ma pensée aplatie à la fin de l’article, sous forme de schémas de la dimension complexe. Jolies formes traduisant la verticalité complexe. Mais les schémas ne sont pas verticaux en eux-mêmes. Ils constituent un “plan”, bien nommé. Cartographie horizontale de la verticalité complexe de mon système philosophique.

L’enfermement platiste

Chacune de nos pensées est ainsi. Elle est l’aplatissement du phénomène que nous représentons. Tendance qui nous fait voir le monde plat, la complexité comme une simple propriété de ses processus mathématiques horizontalisés sur une feuille de calcul. Beaucoup de chercheurs s’y laissent prendre. Vogue actuelle du “platisme” —éliminativisme, illusionnisme. Cette tendance nous rend aveugles à la dimension complexe. Aristote, le génie qui a fondé la pensée occidentale, s’y est fait prendre lui aussi, comme je le raconte dans cet article.

Résumons: Reconnaître l’existence de la verticalité complexe sépare pour une pensée sa complexité constitutionnelle —la manière dont elle s’est constituée— et sa complexité représentationnelle —la complexité horizontale, aplatie, du sujet étudié. Une pensée peut avoir une complexité constitutionnelle solide —sinon elle ne parviendrait pas à exister— et une complexité représentationnelle fragile —l’idée est fausse, parce que les étages intermédiaires de sa conception forment des résultats erronés. Voici enfin une excellente explication pour un fait troublant : la fermeté avec laquelle nous exprimons une opinion fantaisiste, y compris après la destruction de ses piliers majeurs ! Dans un système neural unique, plat, l’opinion vacillerait immédiatement. Où irait-elle se sauvegarder ? Mais pas dans un système complexe, hiérarchisé, dont les étages gardent une certaine indépendance. L’opinion fantasque peut se maintenir si elle trouve des alliés à son niveau. Et pourquoi pas, devenir moins inepte quand les sous-concepts ont changé.

Qu’est-ce que l’analyse mentale?

Plusieurs opinions alternatives “aplaties” peuvent se concurrencer dans l’espace conscient. Il est difficile de les départager lorsque leur complexité constitutionnelle n’est pas connue. Sans évaluation supplémentaire nous sommes obligés de les essayer presqu’au hasard. L’analyse mentale est l’aptitude qui permet de reproduire et d’étudier cette complexité constitutionnelle. Elle décortique chaque opinion pour la réduire à ses constituants, remonte la chaîne d’organisations pour en dépister les défauts. L’analyse ne permet pas bien sûr d’accéder directement aux constituants, à l’inconscient en personne. Ces niveaux sont indépendants. Elle en établit une cartographie, simule leur organisation. Cependant l’intégration neurale est si étroite que par un phénomène de rétro-action, les processus inconscients s’améliorent selon les suggestions de ce plan “idéalisé”. Notre inconscient bénéficie du rétro-contrôle conscient.

Probablement pensez-vous, à ce point, que je me suis bien éloigné de la philosophie pour m’enfoncer dans la neuroscience. Peut-être seuls les philosophies de l’esprit m’ont-ils suivi jusqu’ici. Pourtant c’est ici que nous pouvons comprendre la simple possibilité d’un système philosophique universel. Un texte ne veut rien dire sans lecteur. Ne comptez pas sur le spiritisme pour le stocker. Il doit pouvoir s’inscrire dans votre cerveau. Et pour cela nous avons besoin de comprendre comment il fonctionne. Si vous êtes encore là, il a même probablement des boosters dont j’ai oublié de parler.

Toutes les philosophies

Nous sommes heureusement près du terme de cette présentation. Il devient facile de comprendre comment placer plusieurs systèmes philosophiques dans un espace conscient et les faire se concurrencer sans que l’un parvienne à éliminer les autres. Nous avons là l’esprit d’un érudit, riche de ses innombrables lectures, de pensées adaptées pour les concilier avec ces rencontres, de sa préférence pour le système épousant le mieux son identité présente. L’espace conscient de notre érudit est —s’il est bien réveillé— une riche cartographie des grands penseurs de l’humanité. Une cartographie horizontale. Et l’expérience de celle-ci. Son qualia, mélangé à tous les autres. Oui, l’érudit a un corps aussi.

Trois réclamations

Pour compléter un tel système et le rendre universel, un philosophe a besoin de trois choses :

1) La reconnaissance de la verticalité complexe. Il doit redresser sa cartographie et faire de l’étage final le sommet d’une structure en cours d’exploration. Tous les philosophes professionnels y sont déjà affairés. Mais il n’existe pas de consensus sur la manière dont cette verticalité philosophique s’organise, pas de métaphilosophie. La tâche est moins facile qu’en bas de la dimension complexe, où les scientifiques ont structuré efficacement la verticalité complexe, sans l’appeler ainsi, par la simple délimitation de leurs disciplines.

2) Admettre que le chemin ascendant, ontologique de la philosophie, oblige à faire des choix, selon le contexte, la personnalité, la culture. Ce chemin ascendant est une diversification. L’espace conscient final reste unique. Un système philosophique universel n’aboutit pas à un clonage des consciences. Là où les philosophes peuvent se rejoindre, c’est sur un départ ontologique commun : contexte, personnalité, culture, compris de manière consensuelle. Les conclusions finales seront également communes. Cela suppose, chez les participants, une aptitude comparable à l’analyse de la verticalité philosophique. Pour comparer les résultats, la méthode doit être partagée et affinée. Car souvenons-nous que la méthode est une carte horizontale de la verticalité et non la verticalité en soi.

3) Ne jamais renoncer à la réalité de l’expérience phénoménologique consciente, que les illusionnistes veulent anéantir. J’ai expliqué l’origine du platisme qui amène l’illusionniste à penser ainsi. La carte horizontale de l’illusionniste n’a pas de case pour le phénomène. Il se contente de le peindre avec une couleur différente sur sa carte. Mais ne sait pas dire ce qu’est une ‘couleur’ avec le langage ontologique.

Exigeons la verticalité complexe

Le philosophe est en droit d’exiger, c’est sa troisième réclamation donc, que le système philosophique universel accorde une place naturelle et indiscutable aux phénomènes. Le scientisme du regard ontologique ne peut remplacer l’expérience en personne téléologique. Cette reconnaissance, c’est la verticalité complexe qui peut la garantir.

Dans cette dimension, pour toute chose individuée, vivante ou inerte, mentale ou amentale, l’emplacement du processus n’est pas au même endroit que le résultat. Les parties sont à un saut complexe du tout, non réductibles l’un à l’autre. Les parties portent un regard ontologique vers le tout ; le tout porte un regard téléologique vers les parties. L’un est fondamentalement quantitatif, l’autre fondamentalement qualitatif. L’un ne voit que des informations, leur interaction continue ; l’autre des catégories, des qualités stables, discontinues, sujets d’expériences uniques, de qualia.

La danse du retournement

Pour trouver le phénomène lié à un processus, il suffit de se retourner dans la dimension complexe. Ce qui n’est pas facile. Malgré toute sa puissance d’abstraction, notre conscience est coincée dedans. Dans son espace de travail horizontal. Elle passe d’un regard téléologique à un pseudo-ontologique seulement, sans pouvoir se retourner. Elle ne peut que simuler l’expérience des processus sans pouvoir être à leur place. Même l’expérience de notre corps, en première personne, est comparée à celle des autres avec beaucoup d’approximation.

Mais ne nous plaignons pas ! Cette expérience change continuellement, sous l’effet de l’intégration changeante, à haute altitude, de la pile impressionnante de nos étages mentaux. Nous sommes en orbite au-dessus d’une planète conceptuelle, satellite orienté vers les astres voisins, attiré par les plus brillants, tentant de deviner leur composition, nous équipant des instruments les plus récents.

Ce télescope que je vous propose se veut système philosophique universel. Mérite-t-il vraiment ce titre ? J’insiste sur le fait qu’il s’agit moins d’un cadre que d’une méthode. Aucun cadre n’est universel. J’ajoute au mien la dimension complexe mais combien de variétés cachées manquent ? J’ai volontairement démarré sur le binarisme connu/inconnu. En marchant sur le rivage qui les sépare, le chercheur adopte nécessairement le sentiment dominant : la modestie.

Prétentions méthodiques

La méthode a des prétentions plus élevées : elle donne la parole à tous les acteurs : la réalité en soi, son masque dans l’esprit que j’appelle le pôle Réel, l’esprit à propos de lui-même, ses tentatives religieuses pour se diviniser —la méthode est agnostique et non athée. La parole est la propriété de l’acteur. Aucune langue ne peut juger de la pertinence des autres.

La mathématique se veut langue du réel en soi. Mais alors celui-ci serait multiple, car il existe des mathématiques, certaines incompatibles entre elles. Démonstration surtout qu’elles sont des langages pseudo-ontologiques, choisis par notre esprit d’après ses postulats sur le réel en soi. Mais peut-être est-ce l’indice d’une complexité s’imposant aussi au réel en soi, que les niveaux de réalité parlent chacun leur langage mathématique en relative indépendance.

La force de la méthode est de résoudre une quantité remarquable de problèmes actuellement insolubles. Corps-esprit, réel-virtuel, substance-information, continu-discontinu, individu-collectif, une bibliothèque complète est à réécrire avec cette méthode. Sa fragilité tient en une seule question : L’interface d’un niveau complexe existe-t-elle dans la réalité en soi et quelle est sa nature ? Seule une conjonction des regards philosophique et scientifique peut répondre. J’ai bien sûr une réponse à proposer, qui fera l’objet d’un futur article.

Des progrès purement théoriques?

La méthode peut séduire davantage les pragmatiques que les théoriciens. Ses applications s’étendent à tous les aspects du quotidien, particulièrement la médecine, la sociologie, la politique. Elle ne fait pas du philosophe un scientifique ou un politologue, mais permet de contrôler les interprétations des modèles utilisés. Le modèle est un bon outil d’analyse horizontale, à l’intérieur d’un niveau complexe ; l’interprétation relève de la verticalité complexe et donc presque toujours d’une transdisciplinarité. Je détaillerai quelques applications pratiques dans un troisième article.

*

Partie 4: Schémas

Je termine sur plusieurs schémas résumant la méthode dans son cadre. Vous y trouverez, accrochés, tous les binarismes dont j’ai parlé :

Schéma 1: Complexité classique

Rat——————😃😗☺️——————-Rat Humains
Ver—————–Rat.Pie.Coq—————–Ver Cérébrés
PL—————–Ver.Med.Hui——————PL Animaux
De.La———–PL.AR.MC.CH————De.La Organismes
ÆÅ————–De.La.Je.Il.Tu.S————–ÆÅ Eucaryotes
œπ————ÆÅÊŸŒ∏ÔÛÁÓË———–œπ Procaryotes
AB———-œπµƒ∂æ◊ß∞ôø놩‡ù———-AB orGanites
ab——–AB1CD2EF3GH4IJ5KL6M——- ab Biomolécules
bc——abcdefghijklmnopqrstuvwxyz——bc Molécules simples
ae—bcdfghjklmnpqrstvwxyzbcdfghjkl—ae aTomes
….…aeiouaeiouaeiouaeiouaeiouaeiou….…. Quantons
………………………………………….……………….… Vide quantique

Verticalité complexe balisée par les niveaux auxquels le regard téléologique est le plus attentif. Chaque ligne est écrite dans un alphabet traduisant la diversité de ses éléments, qui augmente. À chaque étage persistent des éléments précédents, qui interagissent encore avec les plus complexes. Ils encadrent ces plus complexes sur chaque ligne. Les plus complexes sont moins nombreux mais plus diversifiés à chaque étage.

Schéma 2: Humain complexe

______ F(rein) ______ F(int) ______ GW (Global Workspace)
___x10 rein   __x100 intestin  _x1000 cerveau  
_________<10 Organes
_________<10 Cellules
_________<10 orGanites
_________<10 Biomolécules
_________<10 Molécules simples
__________x1 aTomes
_________<10 Quantons
__________x1 Vide quantique

Détail de la hauteur complexe dans l’être humain. Ici est signalé arbitrairement (car il n’existe pas de travaux spécifiques à ce sujet) le nombre de niveaux d’information ontologiques pour les étapes repérées par le regard téléologique. Tout en haut, le nombre de niveaux séparant les cellules d’un organe de sa fonction supérieure, cités pour 3 organes dont le cerveau, champion de la complexité grâce à ses réseaux très hiérarchisés.

Schéma 3: Sections de la dimension complexe

Binarisme connu/inconnu et matière/mental

Diversium = intégralité de la dimension complexe —qui diversifie
Quantum = réel physique probabiliste
Materium = réel physique classique
Stratium = mental stratifié
Societarium = partie du Stratium représentant la société

Schéma 4: Double regard

Binarisme regard ontologique / regards téléologiques, constitution / représentations

Le regard ontologique voit la continuité des constitutions.
Les regards téléologiques voient la discontinuité des représentations.

Schéma 5: Chiffres de la diversité complexe par niveaux

x8 milliards espace conscient
x milliers  mèmes (concepts partagés)
x centaines. concepts élémentaires
x200       types de neurones
………… …………
1             type d’information fondamentale (supposé)

Soit du haut vers le bas: 8 milliards de regards téléologiques différents.
Du bas vers le haut: 1 regard ontologique unique.

Schéma 6: Univers mental complexe

Binarisme pôle Esprit / pôle Réel

4 types d’univers mentaux:
1) Nourrisson: faible complexité, pôle Réel à peine individualisé —le nourrisson ne fait aucune différence entre son mental et l’univers entier.
2) Adulte matérialiste: forte complexité, pôle Réel dominant —l’esprit est une toile de fond incorporée à la réalité.
3) Adulte idéaliste: forte complexité, pôle Esprit dominant —le réel est une projection des idéaux spirituels.
4) Philosophe: reconnaissance de sa propre scène mentale, donc qu’il existe un réel en soi indépendant et inaccessible, ainsi que d’autres scènes mentales, reliées par un espace linguistique commun.

*

1 réflexion au sujet de « Une philosophie universelle »

  1. Partie 5: Discussion
    Peut-être appartenez-vous à la tendance réductionniste modérée et êtes-vous dubitatif sur la réalité de la verticalité complexe. Je n’ai pas démontré son existence dans cet article, c’est à venir. Or elle fonde ma méthode prétendument universelle ! Oui, absolument. Car je n’ai pas besoin de prouver l’existence de cette dimension dans le réel en soi. La méthode se cantonne à l’utilisation des regards téléologiques et pseudo-ontologique. C’est une discussion entre les deux pôles du mental. Le réel en soi n’intervient jamais directement. La verticalité complexe est indispensable au regard pseudo-ontologique. La science piétine dans le réductionnisme, trouve des ouvertures en émancipant les différents niveaux de réalité. Inégalable productivité du pragmatisme.

    Le réductionnisme nous affirme que la causalité est entièrement bottom-up, que le “bloc” du réel contient toutes les raisons cachées des émergences en apparence imprévisibles dans le déroulement des processus. Quel intérêt si ces raisons sont impossibles à connaître ? Quel intérêt s’il n’existe pas dans l’univers de moyen computationnel capable de simuler ces processus ? Et si ces moyens pouvaient être approximés, comment saura-t-on si l’on a accédé au réel en soi ou seulement une simulation plus fine ? Autant le réductionnisme est un outil précieux de la pensée scientifique, autant je pense qu’il est une religion sans débouché pour la philosophie. C’est au contraire lui mettre un boulet aux pieds, un boulet très lourd quand il s’agit d’illusionnisme.

    Je rappelle ce point essentiel sur lequel s’accordent même les réductionnistes : le réel en soi est inaccessible. Penser que cela va changer est penser que Dieu va descendre parmi nous. En L’attendant, je retire le réel en soi de ma philosophie universelle et le remplace par son excellente doublure : le regard pseudo-ontologique. Celui-ci est ravi de pouvoir s’accrocher aux barreaux de la dimension complexe. Ne lui enlevons pas son échelle, rajoutons-y au contraire tous les barreaux qui manquent !
    *

    Répondre

Laisser un commentaire