Combattre notre lâcheté ordinaire, vraiment?

Une histoire courante

Intéressant article d’Audrey Jougla pour les erreurs courantes qu’il recèle. Elle définit sa “lâcheté ordinaire” comme le fait de ne pas intervenir quand des parents frappent ou insultent leurs enfants en public. Elle suppose que tout le monde éprouve la même désapprobation et que sa lâcheté ressentie est largement partagée. “Mon monde est celui de tous les autres”. Première erreur.

Audrey n’a sans doute pas d’enfants, ou pas des difficiles. L’empathie des parents ne se juge pas aux seules manifestations agressives mais dans leur proportion avec les manifestions d’affection. C’est le contraste entre les deux qui balise le chemin éducatif. Le contraste est nécessairement plus marqué pour les enfants peu enclins à s’autodéterminer facilement. Impossible de juger de la pertinence de l’agression parentale sans connaître plus en profondeur la relation avec l’enfant. Seconde erreur.

Où est le seuil ?

Où est le seuil entre agression légitime et illégitime de la part d’un parent ? Audrey se pose en juge social, avec un seuil qui est le sien plutôt qu’adapté à un cercle familial et culturel qu’elle ne connaît pas. Faux collectivisme. Une gifle ou une insulte ne met pas la vie ou l’équilibre psychique d’un enfant en danger. Leur effet négatif dépend d’un contexte qu’Audrey ne connaît pas. Ces défoulements ont volontiers un rôle thérapeutique pour le parent, qui se les reproche juste après. Acmé nécessaire qui dégonfle la crise. Troisième erreur.

Il existe différentes manières de résoudre un différent avec un enfant. La violence physique n’est certes pas la meilleure. Encore faut-il que les parents n’aient pas été éduqués eux-mêmes dans ce langage et en connaissent d’autres. Mieux vaut un mauvais langage que l’indifférence. Comment des spectateurs peuvent-ils encourager à pratiquer un autre langage ? Ce qu’Audrey appelle hâtivement une lâcheté ordinaire, autour d’elle, se nomme en réalité la désapprobation silencieuse, qui est une option.

Aiguillage empathique

Un parent qui a une conduite déplacée au milieu d’une assistance désapprobatrice le constate, en retire un enseignement. Tandis que si quelqu’un intervient activement, c’est le parent lui-même qui se sent agressé, et y associera l’enfant. L’enfant devient doublement victime. Il faut bien cerner la notion d’enfant en danger. On n’appelle pas les services sociaux pour une gifle donnée par un parent inconnu à un enfant inconnu. Quatrième erreur.

Intervenir sans agresser demande d’éprouver une certaine empathie pour les problèmes du parent et non le cataloguer d’emblée comme pédophobe ! Ce qui nécessite une bonne dose d’humour et d’à propos. La réaction d’Audrey, qui s’est décidée finalement une fois à intervenir, manque d’à propos. Elle semble assez fière de son « Excusez-moi… Ça vous arrive souvent de frapper cet enfant ? ». Mais plutôt que mettre son képi et prendre l’affaire du haut de son idéal, elle aurait pu dire : « Je vois que vous avez beaucoup de difficultés avec cet enfant, est-ce que je peux vous aider à le frapper ? ».

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Combattre notre lâcheté ordinaire, par Audrey Jougla

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