Egodémocrate: l’imposture

Des non-démocrates en démocratie

Les néologismes sont commodes, j’en crée ma part. Mais “egodémocrate”, celui d’Éric Thiers, est-il bien trouvé ? Non seulement il existe un terme très précis pour ce qu’il décrit : anarchiste. Mais ‘egodémocrate’ est un leurre, une sournoiserie, une contradiction en soi. Un egodémocrate n’a rien en effet d’un démocrate. C’est un solipsiste, qui s’associe, au mieux, avec ceux vivant dans la même réalité rétrécie que lui.

Quel est le ressort fondamental de la démocratie ? L’égalité des voix ? Le droit de chacun à s’exprimer ? Non, ces principes existent dans d’autres systèmes, en particulier dans l’anarchie. La première caractéristique d’une démocratie concerne le vivre ensemble : chaque individu contingente sa conduite à l’intérêt du plus grand nombre. La décision majoritaire peut être débattue à l’infini mais reste appliquée tant qu’elle est majoritaire. La démocratie inclue également un système représentatif. Éviter les bagarres dans les rues (ou sur les réseaux) implique de les transférer à des assemblées représentatives, où les règles sont policées.

L’espèce a déjà été découverte

L’egodémocrate, qu’il faut appeler ‘anarchiste’ de son vrai nom, se moque de tout cela. Aucune opinion majoritaire ne peut s’imposer à lui. Ses représentants ne sont légitimes que s’ils énoncent son propre discours, sans ménagement ni aménagement !

L’appeler ‘egodémocrate’ laisse penser qu’il est toujours un citoyen démocratique, et qu’à ce titre il mérite la parole comme les autres. Peut-on parler avec un alien ? demande avec hésitation Sven Ortoli. Parler oui, toujours. Traduire, se mettre en accord sur les mots, utiliser des néologismes. Tentez de discuter avec un conspirationniste, si vous êtes fervent humaniste et n’avez rien de mieux à faire de votre temps. Mais le laisser agir ? Le laxisme commence là. Et menace pernicieusement la démocratie, qui n’existe que dans la tête de ses citoyens.

Est-ce un discours réactionnaire ? Au contraire. Halte à la police de la pensée ! est ma maxime préférée. Les opinions sont libres, même les plus perverses. Néanmoins pour qu’elles restent inoffensives, il faut quelque chose de plus dans la tête : se ranger à la décision de la majorité avant de les mettre en pratique.

L’anarchiste n’est pas vénéneux par le simple fait d’héberger des idées conspirationnistes. Il empoisonne quand ces idées lui font oblitérer l’existence du collectif. Il agit comme s’il était seul au monde. Qu’il soit en groupe n’y change rien car il s’agit de ses clones. Seul le collectif est une vraie opinion diversifiée.

Citoyen participatif?

L’anarchiste se voit comme démocrate participatif, et c’est la confusion pernicieuse qu’entretient Éric Thiers. Il ne l’est pas !! La participation c’est utiliser le système représentatif pour promouvoir son opinion, soutenir ceux qui le font. Pas les briseurs de système. On ne participe pas quand on casse. On le fait pour soi, pour ses frustrations, pour cette part d’inhumanité que l’on cache.

Les pensées alien peuvent s’installer dans toutes les têtes. Le problème est quand les humaines ont déserté.

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L’egodémocrate se bat pour des valeurs plutôt que des idées, ce qui rend tout compromis impossible

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