Alimentation et rapport au corps dans les sociétés modernes

Cette série d’articles étudie l’alimentation et ses troubles en lien avec le rapport au corps dans les sociétés modernes. Obésité, anorexie, mèmes culturels océaniens sur le corps, notion de Somma et modèle du psychisme permettant de positionner l’image du corps.

Dans le 1er article, commençons par faire le plein alimentaire. Avant de se poser des questions sur la manière dont nous modulons l’affaire (alimentation explicite), vérifions que le plein est fait (alimentation implicite). Les déviances du regard explicite sont des pathologies de la pléthore. Dans les sociétés occidentales, il n’existe majoritairement aucune difficulté à trouver son alimentation, au point qu’apparaissent des déviances de l’alimentation implicite. Le corps devient lui-même un garde-manger. Au final, les troubles de l’image du corps sont au carrefour des regards explicites et implicites, qui sont essentiels à étudier séparément.

Le 2ème article, trop pesants et trop légers, raconte la bataille du poids. Les hors normes sont en difficulté avec l’image du corps. Plus exactement la leur est en conflit avec celle que la société veut leur attribuer. J’explique le problème de l’obèse par une dominance excessive du regard implicite, celui de l’anorexique par la dominance du regard explicite. Dans les deux cas l’image du corps est décalée.

Dans le 3ème article, le Somma, je développe le regard implicite, ontologique, sur la formation de l’image du corps à partir de son support physique. “Existe-t-il un cerveau?” est la question provocatrice. Le cerveau est-il un gros ganglion spécialisé dans le traitement de l’ensemble des échanges neurologiques ou un organe à part entière ? L’ontologie ascendante peut soutenir la première hypothèse. Mais ce ganglion s’éduque pour former un espace de conscience doté d’indépendance relative, d’où descendra le regard téléologique, capable de remodeler le corps. À la frontière entre les deux pôles se situe la notion de somma.

Dans le 4ème article, mèmes non miscibles, la culture océanienne du corps ample est associée à un modèle original du psychisme pour expliquer la difficulté à changer son alimentation. Les mèmes polynésiens et occidentaux appartiennent à des cercles mentaux différents. Leur incompatibilité aboutit à la chirurgie. Le somma, devenu essentiellement psychologique, s’est empli de représentations pseudo-réalistes. Faut-il mettre sur le divan les cultures qui véhiculent des mèmes névrotiques ?

Enfin le 5ème article est une conclusion épistémologique tirée des précédents. Je soutiens que les regards ontologique et téléologique sont contradictoires par nature, et que cette nature résulte de la position opposée de leur point de départ dans la dimension complexe. Les causalités ontologique et téléologique ne sont pas concurrentes mais consécutives. Métaphore de la conscience-nageuse.

Un annexe, définition du Somma, cible mes lecteurs les plus érudits. Il reprend l’historique de l’image du corps vue par les neurologues et les psychologues, avec les tentatives de rapprochement par Wallon, Schilder, Lhermitte, Lacan, Merleau-Ponty. J’articule leurs travaux avec la théorie développée dans ce dossier. Ma notion de somma vue par le regard téléologique est l’image spéculaire des psychanalystes. Vue par le regard ontologique elle est le soma de Thomas Hanna, fondateur de la somatique, référence malheureusement fragile car fondée sur des techniques physiques plutôt qu’une théorie.

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