Naissons-nous bons ou méchants ?

Les philosophes ont longtemps polémiqué sur la nature intrinsèque de l’humain. Naît-il bon, méchant, neutre ? En prenant position, les auteurs s’enterrent dans les contradictions. Car les notions de bien et de mal n’ont aucun sens à la naissance. C’est l’adulte qui projette sur un foetus ses propres convictions morales. La moralité, comme le libre-arbitre, et bien d’autres expériences mentales, est un principe qui s’épaissit avec l’âge. Sa complexité augmente au gré d’évènements mieux représentés et d’habitudes formées en réaction. Nous ne sommes ni bons ni méchants mais gagnons en profondeur morale, pour le meilleur ou le pire.

L’enfant n’a guère davantage de morale qu’un tournesol tourné vers le soleil le jour et refermé la nuit. Impossible alors de lui attribuer une bonté naturelle, comme le voulait Rousseau, ou une malice animale, comme l’affirmait Hobbes. L’un comme l’autre cherchent chez l’enfant les indices de déterminants moraux qui n’existent que dans leurs personnalités d’adulte. Quand l’enfant n’est pas jugé neutre, c’est qu’il sert de miroir au penseur adulte, qui ne l’est jamais.

Il y a des vieux méchants et des jeunes cons, pas l’inverse.

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