Synthèse CONSCIENCE

Présentation

Le phénomène dont nous avons la certitude qu’il existe, pour l’éprouver directement, est la conscience éveillée. L’impression comme ses contenus sont finement corrélés à l’activité du cerveau. Commençons par comprendre comment cet écheveau incroyablement complexe de neurones peut générer des représentations mentales, avec Stratium, théorie hiérarchique de l’esprit.

Attaquons-nous ensuite au “difficile problème” de la conscience en tant que phénomène, que certains philosophes certifient impossible à résoudre. Est-ce vraiment le plus dur ? Après tout nous sommes chacun embarqué dans l’un de ces phénomènes. Par contre la réalité physique authentique nous est inaccessible, disent les mêmes philosophes. Nous ne faisons que la représenter. Alors quel est le problème le plus difficile, l’esprit ou la matière ? Un grand dossier sur Comment vraiment résoudre le problème corps-esprit.

Enfin le chaînon manquant : Comment un schéma neural est-il une signification? Que se passe-t-il à l’interface du phénomène et de sa constitution ? Sur quel principe concret peut se fonder une émergence ? Une solution dans les probabilités, dont la répartition est à chaque instant une fusion dotée d’existence indépendante.

Stratium (la théorie hiérarchique de l’esprit)

Théorie innovante qui privilégie l’organisation hiérarchique des réseaux neuraux plutôt que leur localisation anatomique. Si l’on veut examiner les propriétés fonctionnelles du mental, il faut se placer dans sa dimension complexe et non spatiale. Cette lecture est le préalable à l’examen des théories sur la conscience, qui pour la plupart ne s’appuient sur aucun modèle de fonctionnement de l’esprit, seulement des corrélats entre excitations neurales et comportements / ressentis de la personne.

Si vous êtes un chercheur ou un amateur éclairé des questions autour de la conscience, lisez plutôt cet article alternatif sur Stratium, publié sur academia.edu, dont la 2ème partie est un “banc d’essai” des différentes théories sur la conscience. Chacune est détaillée avec ses forces et faiblesses, puis confrontée à Stratium.

Controverse entre Hobbes et Descartes sur la conscience

Le corps et l’esprit sont-ils une seule chose ou des choses séparées ? Le monisme de Hobbes s’oppose au dualisme de Descartes. Pour Hobbes la subjectivité est la réaction du cerveau à la pression transmise par les nerfs, tandis que pour Descartes cette expérience est d’un ordre entièrement différent des mécanismes physiques et il faut une âme pour l’expliquer. La controverse perdure aujourd’hui entre éliminativistes (monistes) et phénoménologistes (dualistes). Qui a raison? À l’époque c’est Descartes, indéniablement, avec son refus de réduire un phénomène à des mécanismes qui ne l’expliquent pas directement. Mais cela veut-il dire qu’il faut projeter l’âme hors du monde ? Stratium montre qu’il est possible de concilier les prétentions excessives de Hobbes avec le rejet de Descartes.

Comparer les théories de la conscience?

Deux écueils plombent le banc d’essai des théories de la conscience : 1) la dispersion des postulats utilisés ; 2) c’est la théoricienne qui se théorise. Pensée circulaire, avec des entrées sur tout le pourtour du cercle. À l’intérieur… se dit tout et son contraire. Chaque conscience peut inventer la théorie d’elle-même.

Neurocognitive Mechanisms, de Gualtiero Piccinini

Nombreux sont ceux qui ont cherché à franchir le fossé dualiste. Piccinini s’y emploie avec une théorie neurocomputationnelle complète. Mais son traitement philosophique est erroné. L’utilisation d’« aspects » d’un niveau unique de réalité réintroduit des choses qui regardent indépendamment de ce niveau unique. Nous retombons sur un dualisme inexpliqué.

Expliquer la conscience en tant que phénomène

S’il est impossible de réduire les points de vue de la constitution et du phénomène émergent l’un à l’autre, c’est dans leur opposition qu’il faut chercher l’origine de la conscience. En particulier, pour des phénomènes mentaux si différents d’électro-stimuli neuraux, c’est dans l’éloignement de ces points de vue que se trouve l’explication. Éloignement dans la dimension complexe. Les réseaux neuraux forment un grand nombre de niveaux d’information. Le phénomène conscience s’approfondit et s’enrichit à mesure que s’étagent les plans de complexité. Cela nous oblige cependant à chercher la naissance du phénomène dans le concept même de niveau d’information, de supposer qu’il existe là une opposition élémentaire entre ce qui constitue et ce qui éprouve sa constitution. L’origine de la conscience est à chercher dans l’intimité du tissu complexe de la réalité. Nous la trouverons plus loin dans l’article Comment un schéma neural est-il une signification?

Comment vraiment résoudre le problème corps-esprit

Ce dossier en 9 parties prend pour référence l’essai ‘Comment résoudre le problème corps-esprit’ de Nicolas Humphrey.

1) Je reprends la présentation remarquable du problème par Nicholas Humphrey et sa solution personnelle.

2) Les critiques du travail de Humphrey sont très utiles. Je les examine en détail.

3) La notion de niveau d’explication est importante. Ce niveau diffère selon les auteurs. L’effort de réduire les regards physicaliste et spiritualiste l’un à l’autre conduit à l’impasse. Il faut donc au contraire préserver leurs spécificités et les faire coïncider.

4) Quels postulats garder? Nous avons besoin d’une réalité unifiée par ses relations mais qui laisse ses niveaux relationnels propriétaires de leurs cadres. Cela implique la reconnaissance d’une variété dimensionnelle complexe. Dans l’axe vertical de cette dimension, les systèmes ont une face constitutive et une face phénoménale indissoluble, apparaissant à ce qui est respectivement moins complexe et plus complexe. Nous retrouvons dans cette “pièce à deux faces” l’opposition élémentaire entre ce qui constitue et ce qui éprouve, vue précédemment.

5) La nécessité de la complexion verticale ou émergentisme est discutée par rapport à son dénigrement par l’illusionnisme, que j’appelle “platisme”. Je montre que le platisme est une impasse excluant l’esprit qui se théorise. Faux monisme. Les émergences complexes sont dissimulées, dans les modèles mathématiques, au sein du signe ‘=‘, qui veut dire souvent ‘corrélé à’ plutôt que ‘identique à’.

6) L’élévation de complexité au sein du mental est abordée par l’exemple de l’intelligence artificielle et ses réseaux simulés, ainsi que l’exemple du cerveau hydrocéphalique, qui forme une conscience normale avec 10% des neurones habituels.

7) Stratium est une théorie fondée sur la dimension complexe du cerveau, combinant l’Espace de Travail Global et l’Information Intégrée. La hauteur de complexion verticale fait l’épaisseur de conscience. En continuité avec la complexité du support neural, la conscience s’ancre dans la matière avant le neurone. Le phénomène conscience est inscrit dans la réalité en soi. Chaque entité individualisée l’expérimente à sa façon, accessible seulement à une complexion verticale du même ordre. Notre conscience ne se reconnaît qu’en elle-même.

8) Les théories sur la conscience ont toutes reçues de vives critiques. J’ai repris les questions et synthèses de nombreux auteurs. Comment Stratium répond-il ? La prise en compte de la dimension complexe facilite les réponses. Des applications aux énigmes neuroscientifiques et psychiatriques sont proposées.

9) Conclusion résumant le chemin parcouru, avec en bonus : Pourquoi les erreurs rencontrées ? Une théorie du mental, par définition circulaire, a la tâche supplémentaire d’expliquer pourquoi le mental “auto-génère” ses erreurs —des erreurs sur sa propre représentation.

Comment un schéma neural est-il une signification?

Une configuration synaptique activée, en tant que signification, est une répartition donnée de probabilités entre tous ses états significatifs possibles. Elle s’émancipe ainsi de sa constitution et représente un saut qualitatif. Expérience mentale nouvelle. L’esprit se construit de ces étagements de significations, complexité verticale qui fait son intelligence. Pour amorcer cette définition, je confronte les informations de Wiener et de Shannon, j’en tire un modèle et le transpose dans la physiologie des réseaux neuraux. La signification n’est pas réduite à des échanges électrochimiques. Son qualia apparaît et satisfait les pré-requis philosophiques.

Applications et compléments

Éveil, conscience, synchronisation

Il est possible d’être éveillé sans être conscient. La conscience est un espace de travail des fonctions supérieures maintenu par les stimuli des noyaux d’éveil. Sa coordination est perturbée par les chocs, les crises épileptiques et les drogues, qui interrompent la conscience ou en produisent des états alternatifs.

Encore une conscience décapitée!

« La nouvelle théorie de l’inconscient, c’est lui qui commande ! » clame une journaliste après avoir lu le Andrew Budson, neurologue béhavioriste, c’est-à-dire accordant à l’inconscient le déterminisme du comportement. Néanmoins Budson ne remet pas en question l’existence de la conscience, s’intéresse plutôt à son origine et émet une hypothèse intéressante : elle serait l’évolution d’un espace mémoriel à court terme synthétisant ensemble les différentes fonctions mentales. Certes tout cela est platiste. Il faut voir le comportement comme une boucle réflexe remontant plus ou moins haut dans la hiérarchie mentale inconscient/conscient. Chez Homo sapiens cette boucle s’ouvre finalement sur un énorme espace de symbolisation et de rétro-contrôle, qui a fait son succès d’espèce.

La Chambre Chinoise garde-t-elle aujourd’hui un intérêt?

L’expérience de pensée de John Searle (1980) visait à montrer l’absence de réelle compréhension ou conscience du résultat dans un programme qui traduit un langage d’après un dictionnaire. Expérience sans réelle utilité car elle indique seulement que la réduction de la pensée à ses processus élémentaires en ôte toute la complexité, ce qui a lieu aussi pour l’humain quand il se consacre à des tâches simples et répétitives : il effondre la qualité de son expérience consciente.

Information et conscience

Je montre comment Surimposium, théorie qui fait naître la conscience dans l’épaisseur de complexité, englobe les positions existantes sur information et conscience, philosophiques, physicalistes, ainsi que les nouvelles théories panconscientes dont l’information intégrée de Tononi.

Les rochers pourraient-ils être conscients?

Question d’allure “poisson d’avril” de The Guardian à laquelle les lecteurs ont répondu avec enthousiasme, en particulier les partisans du panpsychisme comme Philip Goff. Voici la Terre bien plus peuplée qu’il n’y paraît ! Et les droits d’entités conscientes foulées par nos pieds… Bien entendu le débat redevient sérieux en sortant du binarisme ‘conscience humaine’ vs ‘non conscience’. En donnant à la conscience une épaisseur fonction de la complexité matérielle/virtuelle de l’entité, les rochers peuvent prétendre à la leur… et être aussi une fondation plus solide à la nôtre, toujours mystérieuse.

*

Laisser un commentaire